À quoi voit-on qu'Apple est sous pression des législateurs ? Au fait que l'entreprise mette en avant un rapport qui caresse le modèle économique de l'App Store dans le sens du poil. En l'occurrence il s'agit d'une étude réalisée par Analysis Group et commandée par Apple — qui précise toutefois que les conclusions et les opinions exprimées sont exclusivement ceux des auteurs.
Ceci étant dit, quelles sont donc les conclusions de cette étude ? Il s'agit surtout d'accentuer le fait que les applications préinstallées par Apple ne sont pas nécessairement les plus utilisées. Par conséquence, la concurrence s'épanouit dans le jardin fermé de la Pomme. Le Digital Markets Act européen a justement l'ambition de mettre toutes les apps au même niveau et de permettre la désinstallation facile des applications préinstallées.
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On apprend ainsi que les applications tierces sont « les seules options pour les consommateurs » dans plusieurs catégories d'apps, comme les réseaux sociaux, les services de rencontre, les agences de voyage, ou encore les apps de restauration. Effectivement, Apple ne propose aucune application maison pour ces catégories.
Le rapport relève aussi que les applications les plus populaires dans ces catégories comptent beaucoup de leaders régionaux qui font mieux que les apps distribuées au niveau mondial. Chez les utilisateurs d'iPhone, les apps de streaming (musique, films, séries TV), de lecture, de communication et de cartographie les plus utilisées proviennent d'autres éditeurs que d'Apple, dans beaucoup de coins du monde.
L'étude souligne que les apps de la Pomme ont aussi une part de marché « relativement petite » dans l'usage global des applications qu'ont les utilisateurs d'iPhone. « C'est le cas même lorsque certaines apps préinstallées d'Apple utilisent des fonctionnalités essentielles de l'appareil », explique le constructeur. Enfin, ces mêmes utilisateurs se servent souvent de plusieurs apps d'une même catégorie, en particulier pour communiquer, lire l'actualité, voir des vidéos ou surfer sur internet.
Analysis Group a aussi mesuré comment se positionnait la concurrence face à certains services et apps d'Apple. Pas nécessairement au bénéfice de la Pomme : ainsi, Spotify est 1,6 fois plus utilisé qu'Apple Music en France, tandis que l'utilisation de Deezer est équivalente à celle du service de streaming d'Apple. Pour la cartographie, Google Maps est 1,9 fois plus utilisé qu'Apple Plans, tandis que Prime Video et Netflix dépassent complètement Apple TV, de respectivement 5 et 35 fois.
« Nos analyses quantitatives de l'engagement [des utilisateurs] avec les applications (pas seulement les téléchargements d'applications) démontrent que dans de nombreuses catégories, les applications d'Apple sont éclipsées en popularité et représentent une part d'utilisation relativement faible », écrit un des auteurs du rapport. La croissance de l'App Store « reflète son dynamisme », indique un autre auteur, « sa communauté et son écosystème, dont bénéficient les développeurs, les utilisateurs, et Apple ».
L'entreprise précise un peu bizarrement dans le communiqué que « 99,99 % des applications iOS sont conçues par des développeurs tiers », ce qui n'étonnera pas grand monde. Il y en a en effet 1,8 million dans l'App Store, toutes ne peuvent pas provenir du constructeur !