Décidément, il faut vraiment qu'Apple soit acculée contre un mur pour que le constructeur lâche du lest sur l'App Store. Pour éteindre une action de groupe aux États-Unis, la Pomme va autoriser les développeurs à communiquer avec les utilisateurs (par e-mail) sur les achats qu'ils peuvent réaliser en dehors de leurs applications.
Nouveau coup de semonce et nouvelle reculade du constructeur cette nuit. Dans le cadre d'une entente avec la Commission à la concurrence japonaise (JFTC), Apple va permettre aux applications de type « lecteur » (« reader » dans la novlangue cupertinienne) d'afficher un lien vers leurs boutiques en ligne et ce, à partir du début de l'année prochaine. Bien qu'il s'agisse d'un accord avec le régulateur japonais, Apple va appliquer ce changement dans le monde entier.
Très concrètement, cela signifie que des applications comme Netflix pourront avoir un lien sur leur page d'accueil pour inviter les utilisateurs à s'abonner sur son site web. Actuellement, Netflix ne propose que de s'identifier, et rien dans l'aide en ligne n'indique comment s'abonner. Et pour cause, les directives de l'App Store interdisent formellement d'afficher cette information, ce qui du point de vue de l'utilisateur (et du développeur) est complètement absurde.
Les apps « reader » affichent du contenu tels que de la vidéo, de la musique, des fichiers audio (type Audible), mais aussi des magazines numériques, des quotidiens ou des livres (Kindle). Généralement, il faut être abonné pour accéder à leurs contenus.
Si les achats intégrés de l'App Store, ceux qui permettent à Apple de collecter une commission de 15% ou de 30%, demeurent « la méthode de paiement la plus sûre pour les utilisateurs », la Pomme ajoute qu'elle donnera un coup de main aux développeurs pour que leurs applications « reader » protègent les utilisateurs quand ils passeront par le lien pour acheter en dehors de la boutique ou gérer leur compte.
Avant la mise en route de ce changement, le constructeur va mettre à jour les guidelines de l'App Store pour s'assurer que ce type d'apps « continuent d'offrir une expérience sécurisée ». Il faudra regarder de près les petites lignes et les alinéas car le diable se cache souvent dans les détails, en particulier avec Apple.
L'impossibilité d'informer l'utilisateur qu'il doit souscrire à un abonnement en dehors de l'app devenait un gros caillou dans la chaussure d'Apple, ce point de contentieux étant au cœur de plusieurs enquêtes de régulateurs et de plaintes en justice. Limiter le lien externe aux seules applications « reader » offre toujours un angle d'attaque pour ceux qui veulent poursuivre le combat contre Apple, mais ce relâchement des règles, s'il peut paraître minime, est un changement de pied aussi symbolique qu'important pour Apple.