Apple a une compréhension parfois étonnante de ce qu'est un jeu. Pendant le procès opposant Epic Games à Apple, Trystan Kosmynka, directeur senior du marketing pour le constructeur, a notamment été questionné sur la nature de l'application Roblox. Celle-ci est bien particulière : l'app iOS permet d'accéder aux milliers de créations d'apprentis programmeurs utilisant la plateforme de développement Lua de Roblox, et d'y jouer depuis l'iPhone ou l'iPad.
Concrètement, le joueur est présenté face à une bibliothèque de ce qu'il faut bien appeler des mini-jeux en 3D. Une boutique d'applications intégrée dans l'app, donc, ce qui est formellement interdit par les guidelines de la boutique. Quand Roblox a été approuvé par l'App Store, Kosmynka a fait part de son étonnement dans un e-mail, mais désormais il défend cette décision. « Roblox est une application dans laquelle les utilisateurs créent un profil, passent du temps avec leurs amis, et ils peuvent participer à des expériences que j'appellerais du contenu », a-t-il décrit lors de l'audition.
Pourtant, il ne viendrait à personne de penser que l'app Roblox n'est pas un jeu. L'app a certes une forte composante sociale, mais il est difficile de nier qu'il s'agit d'un jeu qui propose de télécharger d'autres jeux. Finalement, c'est un peu comme l'Epic Games Store qu'Apple refuse de voir en peinture sur iOS… Le modèle Roblox est aussi très proche d'un service de jeux en streaming, dont la présence n'est réellement possible que par le biais d'une web app.
Pour appuyer la démonstration du contraire, le cadre d'Apple a donné sa définition de ce qu'est un jeu : « les jeux sont incroyablement dynamiques. Les jeux ont un début et une fin, et il y a des défis. Pour moi, les expériences présentes dans Roblox sont similaires aux expériences de Minecraft ». Minecraft qui au passage n'est donc pas considéré comme un jeu, mais comme une application.
Certaines applications peuvent effectivement ressembler à des jeux, quand bien même ce sont des expériences sociales — l'exemple qui vient en tête est celui de Miitomo, la toute première app (fermée depuis) de Nintendo. Ce qui ressort de cet échange, c'est que la compréhension singulière d'Apple sur ce qui est un jeu lui permet de tordre ses propres règles, renforçant ainsi l'impression d'opacité et d'injustice dans le processus d'examen de l'App Store.