Les applications de suivi des contacts servent-elles réellement à quelque chose ? Cela dépend en fait des volumes de téléchargement et de l'implication des utilisateurs. Au Canada, a priori, ça ne se passe pas très bien pour Alerte COVID : selon les chiffres de Santé Canada donnés à Global News , seuls 3,8% des 535 000 Canadiens qui ont été testés positifs à la Covid-19 depuis le lancement de l'application l'été dernier ont signalé leur diagnostic dans l'app. Par conséquent, le nombre d'utilisateurs de l'app alertés de la possibilité d'un contact est très modeste.
Pour le dire d'une autre manière, 96,2% des personnes testées positives au coronavirus n'ont pas utilisé l'application, soit parce qu'elles ne l'ont pas utilisée, soit parce qu’elles ne l'ont pas téléchargée tout simplement. Alerte COVID, qui utilise l'intégration développée par Apple et Google, a été téléchargé 6,3 millions de fois d'après l'Agence de la santé publique du Canada, dans un pays où l'on compte 30 millions d'utilisateurs de smartphones.
« Lorsque nous voyons un tel pourcentage, dans ce cas moins de 5 ou 10% de la population qui utilisent ces applications, cela signifie qu'elles sont totalement inutiles », assène Craig Jenne, docteur spécialiste des maladies infectieuses à l'université de Calgary. Le gouvernement fédéral n'a pourtant pas mégoté sur la promotion pour laquelle il a mis de côté 16 millions de dollars canadiens (tandis que le développement de l'application a coûté 480 000 $).
L'insuccès d'Alerte COVID n'est pas uniquement de son fait. L'app n'est pas utilisée dans tous les territoires et provinces du pays, quatre d'entre elles (sur treize) font toujours défection. L'Alberta ayant même développé sa propre app, ABTraceTogether, qui est incompatible avec Alerte COVID ! Son usage varie aussi : au Québec, où l'app est active depuis fin septembre, seules 2,1% des personnes diagnostiquées positives l'ont signalé dans l'application, contre 13,5% dans les provinces de l'Atlantique et 5,1% en Ontario.
Autre difficulté : les personnes diagnostiquées positives ne reçoivent pas forcément le fameux code qui permet de se signaler dans l'application. Au Québec et en Ontario, il faut demander la clé aux services de santé, elle n'est pas fournie automatiquement… Ce qui explique en grande partie pourquoi le taux est si faible dans ces provinces.