Facebook va bientôt mettre fin à une dérogation accordée aux utilisateurs de WhatsApp. À partir du 8 février 2021, ceux-ci ne pourront plus refuser le partage de leurs données avec Facebook et ses autres filiales. L'entreprise a confirmé à BFMTV que cette disposition s'appliquait à tous les pays du monde, y compris la France.
La maison-mère est en train de distribuer un pop-up au sein de WhatsApp pour informer les utilisateurs de ce changement. On peut fermer ce pop-up sans toucher le gros bouton « Accepter », mais on n'y coupera pas plus tard. À défaut d'accepter la nouvelle politique politique de confidentialité de WhatsApp (mise à jour le 4 janvier 2021), on ne pourra plus utiliser le service à partir du 8 février.
Ce partage de données, Facebook a déjà tenté de l'imposer en 2016, mais dans sa grande mansuétude, le réseau social avait laissé une option permettant de le refuser. Malgré cela, l'entreprise s'était fait taper sur les doigts par la CNIL, qui avait jugé qu'elle ne disposait pas de base légale pour opérer ce transfert.
Finalement, le réseau social va passer en force et faire circuler les données de WhatsApp au sein de tout son groupe. Mais de quelles données parle-t-on ? Il est question des « informations d'enregistrement de votre compte (comme votre numéro de téléphone), les données de transactions, des informations liés (sic) à des services, des informations sur la façon dont vous interagissez avec d'autres, y compris des entreprises, lorsque vous utilisez nos Services, les informations sur votre appareil mobile, votre adresse IP, et peuvent inclure d'autres informations identifiées dans la section de la Politique de confidentialité titrée « Informations que nous recueillons », ou obtenues après vous en avoir averti(e) ou sur la base de votre consentement », indique WhatsApp. Ça ratisse large, donc.
D'après la déclaration d'une porte-parole de Facebook à Ars Technica, ce changement s'inscrit dans la volonté de permettre aux entreprises (avec lesquelles on peut discuter via la messagerie) de stocker et gérer les discussions WhatsApp à l'aide de l'infrastructure Facebook. Et d'assurer qu'il n'y aura pas de changement dans la façon dont WhatsApp partage ses données avec Facebook pour les discussions avec les autres utilisateurs non professionnels. La nouvelle politique de confidentialité de WhatsApp ne semble pourtant pas comprendre cette nuance et autoriser un partage global.
Mise à jour à 15 h 52 : Il y aura bien un changement en Europe en ce qui concerne le partage des données de WhatsApp, mais il ne sera pas de même nature que dans le reste du monde. Facebook, qui marche sur des œufs — en 2017, la Commission européenne lui a infligé une amende de 110 millions d'euros pour l'avoir baladée sur l'acquisition de WhatsApp —, et WhatsApp nous ont fourni des explications complémentaires.
Ainsi, sur le Vieux Continent, les données WhatsApp qui seront partagées avec Facebook ne serviront pas à améliorer le service ou à des fins publicitaires. Les données WhatsApp seront uniquement partagées avec Facebook dans le cadre des conversations avec les entreprises — conversations qui sont bien entendues optionnelles. Les utilisateurs de WhatsApp seront avertis si l'entreprise avec laquelle ils discutent stocke les messages sur l'infrastructure de Facebook, une nouvelle possibilité qui leur est offerte.
Il y a une version à part entière de la politique de confidentialité de WhatsApp pour l'Europe. De plus, en dépit du fait que l'option introduite en 2016 pour refuser le partage de données ait disparu de WhatsApp, ce choix est toujours respecté par Facebook — et il le sera toujours même si on accepte les nouvelles conditions.
En bref, selon Facebook, qui doit ramer très fort pour restaurer la confiance qu'on lui porte après de multiples scandales, ces nouvelles conditions ne sont qu'un changement mineur en Europe et vos données personnelles WhatsApp ne seront pas partagées avec les autres services du réseau (hormis celles concernant les discussions avec les entreprises, donc). Le titre de l'article a été modifié en conséquence.