Ce jeudi, Apple a fait disparaître de l'App Store en Chine pas moins de 46 000 apps, rapporte Reuters. Sur le total, 39 000 était des jeux, et parmi eux des poids lourds tels qu'Assassin’s Creed Identity et NBA 2K20. D'après une firme spécialisée, seuls 74 des 1 500 jeux payants les plus populaires ont survécu à ce nettoyage par le vide. Une contrainte qui pourrait amener des éditeurs à privilégier désormais des titres uniquement financés par la publicité, note un autre observateur.
Article du 23 décembre
La purge se poursuit sur l'App Store chinois. En 2020, Apple a supprimé 94 000 jeux de sa boutique en Chine, quasiment trois fois plus que l'an dernier, selon des chiffres de Sensor Tower relayés par le Wall Street Journal. C'est le résultat d'une mesure prise en juillet, exigeant des développeurs de jeux qu'ils obtiennent un numéro ISBN de l'administration générale de la presse et des publications du pays (lire : L'App Store chinois n'acceptera plus que les jeux validés par le gouvernement).
Début décembre, Apple a fait savoir aux développeurs que les jeux premium et ceux qui incluent des achats intégrés avaient jusqu'au 31 décembre pour présenter à l'App Store l'imprimatur du gouvernement chinois. Dans les faits, seule une petite partie d'entre eux est en mesure de respecter la règle, en particulier les éditeurs étrangers pour qui il est très difficile d'arracher le feu vert de Pékin. De fait, il faut s'attendre à de nouvelles suppressions dans les prochaines semaines. En 2019, on dénombrait 272 000 jeux dans l'App Store chinois.
Malgré ces obstacles, le jeu iOS se porte bien au pays : les revenus tirés de cette activité ont représenté 13 milliards de dollars depuis le début de l'année, un chiffre en progression de 13%. Mais la croissance est de moins en moins importante : le chiffre d'affaires des jeux iOS avait augmenté de 21% en 2019, et de 26% en 2018.
Les jeux ne sont pas la seule cible de Pékin. D'après une étude de Campaign for Accountability, environ 3 000 applications présentes partout dans le monde sont aux abonnés absents en Chine. Un tiers d'entre elles sont en lien avec des sujets en délicatesse avec le gouvernement chinois, comme les manifestations à Hong Kong, les droits des communautés gays et transgenres, le bouddhisme, le Tibet… 5% des apps proscrites en Chine concernent la pornographie (bien que ce « genre » soit proscrit partout dans le monde) et les jeux d'argent. Les jeux représentent à peu près tout le reste.
Apple a de nouveau expliqué au WSJ qu'elle devait respecter les règles de chaque pays, ce qui implique parfois de retirer certaines applications. « Apple étudie attentivement les demandes chaque fois que nous les recevons », explique un porte-parole. « Nous sommes souvent en désaccord avec elles et nous les contestons. Bien que la décision finale soit parfois contraire à nos souhaits, nous pensons que nos clients sont mieux servis lorsque nous restons dans le pays, en leur donnant accès à des produits qui favorisent l'expression de soi tout en protégeant la confidentialité ».