Pour sa propre boutique d'applications, Microsoft a décidé de prendre l'exact contre-pied d'Apple et, dans une moindre mesure, de Google. Dans une série de grands principes, l'éditeur s'engage ainsi à autoriser sur le Microsoft Store les systèmes de paiement alternatifs pour les achats intégrés, ainsi que les magasins concurrents sur Windows 10. Google a récemment annoncé un tour de vis sur les achats intégrés dans le Play Store, tout en voulant faciliter la vie des boutiques tierces.
Microsoft n'a pas l'intention de favoriser ses applications au détriment des apps tierces, l'entreprise laisse aux développeurs le choix de ce qu'ils veulent vendre ou pas dans leurs logiciels, et elle ne fermera la porte de sa boutique à aucun développeur pour peu qu'il respecte des standards « objectifs » de sécurité, de confidentialité, de qualité, de contenu. Le groupe facturera des frais « raisonnables » qui reflètent l'état de la concurrence avec les autres boutiques. Les développeurs pourront communiquer directement avec les utilisateurs de leurs apps pour des raisons commerciales « légitimes ».
Ces principes sont inspirés de ceux de la Coalition for App Fairness, un groupe de développeurs qui conteste les pratiques de l'App Store (lire : App Store : Apple célèbre son modèle face à une nouvelle coalition d'éditeurs). Cet engagement de Microsoft s'inscrit dans un contexte bien particulier : la chambre des représentants US a confirmé qu'Apple abusait de son monopole sur l'App Store, tandis que l'enquête de la Commission européenne suit son cours.
Microsoft ne fait pas non plus partie des quatre grandes entreprises passées au crible du législateur américain (outre Apple, Google, Facebook et Amazon sont aussi accusés d'abus de position dominante). Windows 10 est « une plateforme ouverte », écrit Rima Alaily, vice-présidente juridique du groupe, et les développeurs ont toujours eu la possibilité d'y distribuer leurs logiciels de la manière qu'ils voulaient, en solo ou via une boutique comme Steam, l'Epic Games Store ou d'autres.
Le Microsoft Store est une chose, mais le magasin de la Xbox — également opéré par l'éditeur — en est une autre, et les règles pour l'un ne s'appliquent pas à l'autre. Rima Alaily explique que les consoles de jeux vidéo sont des « appareils spécialisés optimisés pour un usage particulier ». Le modèle économique pour ce segment de marché est « très différent » de l'écosystème des PC et des smartphones, selon elle.
Microsoft reprend l'argument de Tim Sweeney, fondateur et patron d'Epic Games, qui estime légitimes les jardins fermés des Xbox et PlayStation, ainsi que les commissions prélevées par les deux constructeurs. « Microsoft investit considérablement dans le développement du matériel pour sa console de jeux, et la vend à un prix inférieur ou avec une marge très faible pour créer un marché qui profite aux développeurs ». La différence de modèle est jugée « fondamentale », c'est pourquoi les règles pour le Microsoft Store ne se destinent pas au Xbox Store.