Mise à jour 11/06 — À l'AFP, Cédric O a donné le chiffre le plus récent des téléchargements de StopCovid : on en est à 1,5 million pour le moment. L'application n'a donné lieu qu'à une poignée de notifications, reconnait aussi le secrétaire d'État au Numérique, qui convient que « dans un contexte où la prévalence de l'épidémie décroît très vite, l'incitation des gens à installer l'application est limitée ». En cas de deuxième vague, il indique qu'il faudra prendre « un certain nombre d'initiatives pour pousser l'installation de l'application », mais renvoie à la « sphère santé » le soin d'évaluer l'utilité sanitaire de l'application.
Article d'origine, 10/06 — Le nombre d'activations de StopCovid a atteint 1,4 million en une semaine, selon des chiffres du Monde provenant du cabinet de Cédric O. Samedi, le compteur avait franchi le million d'activations. Et depuis son lancement mardi dernier, l'app de traçage des contacts n'a pas quitté la première place du classement de l'App Store.
Le cabinet du secrétariat d'État au Numérique précise que ce chiffre de 1,4 million correspond au nombre de fois où les utilisateurs ont téléchargé puis lancé l'application, et activé le suivi à proprement parler. Ce qui éclaire l'interrogation qui se posait en fin de semaine dernière, même si les autorités ne détaillent pas la manière technique de comptabiliser le nombre d'activations. Elles ne donnent pas non plus le nombre d'utilisateurs actifs, alors qu'il serait intéressant de connaitre le volume des apps qui peuvent effectivement enregistrer les contacts rapprochés (15 minutes à un mètre).
Malheureusement, le secrétaire d'État ne possède pas cette information, même s'il est possible de la déterminer. Plusieurs spécialistes avaient commencé à comptabiliser le nombre d'utilisateurs actifs, en s'appuyant sur les communications entre l'application et les serveurs centraux : dimanche, ils étaient environ 400.000. Depuis, ces informations ne sont plus disponibles librement, mais le nombre d'utilisateurs actifs a certainement augmenté, en lien avec la hausse des activations.
Prudent, Cédric O ne s'était pas fixé d'objectifs de téléchargements ou d'activations, il a simplement convenu que StopCovid pouvait jouer un rôle significatif dans le ralentissement de l'épidémie si 10% des habitants d'une agglomération utilisaient l'application. Ce n'est donc pas forcément nécessaire de toucher l'ensemble des possesseurs de smartphones en France, mais avec 1,4 million d'activations, l'app est tout de même loin du compte.
Le Monde évoque une métrique qui n'a pas beaucoup de sens : 1,4 million d'applications activées représentent 2% de la population française. Mais tous les Français ne possèdent pas de smartphones : en 2019, la part représentée par les smartphones dans le parc de téléphones mobiles dans l'Hexagone était de 71%.
Mais ce chiffre permet de comparer l'adoption de StopCovid par rapport à d'autres pays au taux d'équipement équivalent : l'app australienne a été téléchargée par 8% de la population en 24 heures (bien que les résultats produits soient modestes pour le moment). L'app norvégienne a été téléchargée par un quart de la population en une semaine, et 11% des Norvégiens l'utilisent activement.
Pour faire connaitre StopCovid plus largement, le gouvernement lance une campagne de communication qui ciblera les lieux à forte densité dans les transports en commun (panneaux numériques, spots radio, publicités sur les réseaux sociaux).
Le secrétariat d'État a aussi précisé que le coût de l'application pour les finances publiques sera de 100 000 euros par mois pour les frais de gestion et d'entretien du serveur, des tâches dont s'acquitte 3DS Outscale, filiale de Dassault. Cédric O avait parlé de « quelques centaines de milliers d'euros » (sachant que l'app en elle-même a été développé à titre gracieux).
L'Obs avait obtenu de ses sources une fourchette entre 200 000 et 300 000 euros. Cette question de gros sous pourrait revenir hanter le gouvernement : l’association anticorruption Anticor a déposé un signalement au procureur de la République, craignant que les frais d'hébergement de l'application soient très supérieurs aux pratiques du marché. Il n'y a en effet pas eu d'appel d'offres, ce qui peut susciter un soupçon de favoritisme.