De StopCovid, on connaît surtout la facette technique. Dans son édition du jour, Le Canard enchaîné lève un coin du voile sur la facette politique.
Le journal fait état des « réticences » d'Emmanuel Macron et d'Édouard Philippe, « guère enthousiastes » au sujet de cette application de traçage des contacts. Au début du mois, le ministre de la Santé s'était également montré très prudent quant à la concrétisation du projet, une déclaration qui, coïncidence ou non, avait été suivie le lendemain par un long plaidoyer sur StopCovid de la part du secrétaire d'État au numérique.
C'est « soutenu par un petit cercle de technophiles montés en graine sous la Macronie » que Cédric O a choisi d'adopter le modèle centralisé pour l'application, un modèle incompatible avec l'API proposée par Apple et Google (seul moyen d'exploiter pleinement le Bluetooth de l'iPhone), mais un modèle plus souverain.
Le journal satirique relève que Bruno Sportisse, le PDG de l'Inria, l'organisme de recherche qui chapeaute le développement de l'application, est un proche de Cédric O. StopCovid a d'ailleurs provoqué des remous au sein de l'Inria : mi-avril, un groupe de chercheurs de l'institut a publié une mise en garde contre les technologies de traçage des contacts.
Enfin, le Canard rappelle la participation d'Aymeril Hoang, qui, à la tête d'une structure de conseil privé, s'était vu confier fin mars « une mission d'analyse des propositions numériques à la crise sanitaire » puis a été nommé dans la foulée expert numérique du Conseil scientifique. Une « double casquette » épinglée par certains sénateurs.