StopCovid, stop ou encore ? C'est « encore » pour Cédric O. Le lendemain de la déclaration du ministre de la Santé qui maintenait une incertitude sur l'aboutissement du projet StopCovid, le secrétaire d'État au numérique s'est fendu d'un long billet sur Medium défendant la fameuse application.
Cédric O confirme que StopCovid « demande encore un travail technique important » et qu'il faudra « encore plusieurs jours de travail acharné à l’équipe projet » pour disposer d'une application fiable et opérationnelle.
L'application ne sera pas prête pour le 11 mai, premier jour du déconfinement progressif. Néanmoins, l'objectif du gouvernement est de pouvoir mener des « tests en conditions du réel dans la semaine du 11 mai afin de terminer la phase de validation opérationnelle. » Après quoi, comme prévu, le Parlement sera saisi pour se prononcer sur la version finalisée de StopCovid.
Dans ce billet, Cédric O répond également à de nombreuses critiques entourant cette application qui doit servir à limiter la propagation du coronavirus. « Le chiffre souvent évoqué de 60 % minimum de la population équipée pour que le dispositif soit efficace n’a guère de sens, soutient-il. Comme l’ont écrit ce week-end certains des meilleurs épidémiologistes français et comme le soutient même l’auteur anglais de l’étude d’où est issu ce chiffre de 60 %, de telles applications trouvent leur utilité dès les premiers pourcents de diffusions, notamment au sein des villes. »
Plus généralement, Cédric O fait valoir qu'il serait regrettable de se priver d'un moyen pour « couper les "départs de feu" le plus rapidement possible. »
Quant à ceux qui ne possèdent pas de smartphone, une partie de l'équipe tente de trouver une autre solution qui pourrait être un boitier ou un bracelet, ajoute le secrétaire d'État. C'est Withings, spécialiste des objets connectés, qui planche en particulier sur le sujet, selon Le Monde. Mais « la faisabilité d’un tel dispositif reste toutefois très incertaine et nécessitera a minima des semaines supplémentaires de développement », prévient Cédric O. Non content de concevoir un éventuel bracelet connecté, il faudrait également le fabriquer en grande quantité au pas de course, un vrai challenge.
Sur la problématique essentielle de la confidentialité, le secrétaire d'État assure que certaines failles relevées par le collectif de chercheurs à l'origine du site risques-tracage.fr « ont été identifiées depuis l’origine et peuvent aisément être évitées. »
Le code de l'application sera diffusé en open source « dès qu’il aura atteint une certaine maturité » et il promet que la même transparence s'appliquera « à l’ensemble de l’architecture du système, jusqu’au serveur back-end. » Un comité rassemblant des parlementaires, des ONG, et des spécialistes du numérique et du droit, entre autres, veillera sur l'application.
Enfin, Cédric O réaffirme l'opposition de la France à la solution technique proposée par Apple et Google. « Le gouvernement français ne refuse pas l’API proposée en l’état par ces deux entreprises parce que ce sont des entreprises américaines, déclare-t-il. Il s’y refuse car, dans son format actuel, elle contraint le choix technique : seule une solution "décentralisée" peut fonctionner parfaitement sur les téléphones équipés d’iOS. »
Or, contrairement à d'autres pays, la France a choisi le fonctionnement « centralisé ». « Le résumé est simple : aucune solution n’est infaillible, mais leurs failles sont différentes », reconnait le secrétaire d'État. Concernant le modèle centralisé, la principale crainte est « l’action d’un État potentiellement malveillant » sur les données stockées sur le serveur central. Un risque qu'il écarte grâce « aux mécanismes de contrôle des démocraties. »
Puisqu'il n'adopte pas l'API d'Apple et Google, le gouvernement français, avec le soutien du commissaire européen au marché intérieur, demande une exception à Apple pour pouvoir exploiter plus librement le Bluetooth des iPhone, « faute de quoi l’application européenne telle qu’elle a été conçue ne pourra pas fonctionner correctement », avait déclaré Cédric O au Sénat mi-avril.
Finalement, l'obstacle technique n'est peut-être plus si insurmontable : « Les discussions se poursuivent. Elles ne sont pas, à court terme, rédhibitoires, les solutions existantes permettant a priori de développer une version de l’application satisfaisante sur les iPhone. » Le Royaume-Uni, qui a choisi comme la France le modèle centralisé, aurait trouvé une solution pour faire fonctionner son application « suffisamment bien » sans passe-droit de la part d'Apple.