La future application de traçage des contacts StopCovid fera finalement l'objet d'un vote au Parlement, rapporte l'AFP. Il n'en était pas question au départ, mais face à la demande des parlementaires de tous bords, le gouvernement a fini par céder. Les députés et sénateurs devront toutefois s'exprimer à la fin du mois sur une application qui ne sera pas encore finalisée à ce stade.
Quand le sera-t-elle ? Le mystère est complet. Le gouvernement préférant adopter la technologie de traçage mise au point par l'Inria au détriment de celle qui sera proposée par Apple et Google, il se retrouve face à un obstacle technique fondamental. Pour que StopCovid soit efficace, l'application doit exploiter en continu le Bluetooth de l'iPhone, or c'est impossible, sauf à utiliser le futur protocole californien ou bien bénéficier d'une très incertaine exception de la part d'Apple, ce que le gouvernement tente d'obtenir.
Les parlementaires n'auront pas l'application sur leurs smartphones pour voter en leur âme et conscience, mais ils pourront s'appuyer sur de nombreux avis, dont celui de chercheurs de l'Inria… qui mettent en garde contre les risques de traçage, alors même que leur institut est responsable du développement du protocole de traçage exploité par StopCovid.
Dans leur analyse destinée au grand public (accompagnée d'un site web, risques-traçage.fr), cette quinzaine de spécialistes de l'Inria et d'autres établissements soulignent différents problèmes, voire dangers, posés par les technologies de traçage de contacts, qu'il s'agisse de celle d'Apple/Google, de l'Inria ou d'autres encore.
Parmi les risques exposés, il y a ceux de l'identification des malades, de déclenchements de fausses alertes ou encore de fichage parallèle. Face à ces détournements, « la cryptographie n’apporte que des réponses très partielles », déclare le groupe de chercheurs, qui ajoute :
L’arbitrage de ces risques ne pourra pas être résolu par la technique. Il relève de choix politiques qui mettront en balance les atteintes prévisibles aux droits et libertés fondamentaux et les bénéfices potentiels qui peuvent être espérés dans la lutte contre l’épidémie. À notre connaissance, l’estimation des bénéfices d’un éventuel traçage numérique est aujourd’hui encore très incertaine, alors même que les scénarios que nous avons développés ici sont, eux, connus et plausibles.