Le lancement de Photoshop pour iPad était aussi attendu que craint, non seulement par les utilisateurs de la tablette qui n'en pouvaient plus de ronger leur frein depuis l'annonce il y a un an, mais aussi par Adobe. L'éditeur avait fait mousser l'adaptation sur iPadOS de son logiciel vedette, parlant même d'un « vrai » Photoshop. Une communication grandiloquente avec l'aide d'Apple, trop heureuse de faire valoir l'iPad comme un appareil capable d'accomplir les mêmes tâches que les ordinateurs traditionnels.
Mais les attentes ont été trop élevées, il s'est avéré qu'Adobe avait une ambition plus mesurée et une feuille de route durant laquelle des fonctions typiques du Photoshop « classique » s'ajouteront au fil du temps (lire : Adobe finalise un Photoshop sur iPad plus limité que sur Mac). La version 1, disponible depuis ce lundi, ne va pas très loin : ouverture des PSD, support des calques, des outils de base fonctionnels, et c'est à peu près tout.
Si on ajoute à cela l'attachement maladif d'Adobe pour les abonnements (10,99 € par mois), et l'application écope d'une note de 1,8 sur 5 sur l'App Store en France, et de 2,1 aux États-Unis. Pour un cador comme Photoshop et une application qui est censée bâtir les fondations de l'offre pour iPad de l'éditeur ― Illustrator a ainsi été annoncé pour une sortie l'année prochaine ―, ce n'est quand même pas terrible.
C'est pourquoi Scott Belsky, directeur produit pour la division Creative Cloud, s'est donc lancé sur Twitter à la défense de la version iPad de Photoshop… et pour tirer les leçons du lancement de l'application. « Par définition, une version 1 ne contentera pas tout le monde. C'est une "réimagination" d'un produit populaire et global de 30 ans d'âge », explique-t-il.
Si Adobe avait voulu faire plaisir à tous les utilisateurs, la version 1 ne serait jamais sortie, réplique-t-il encore. « Ces fonctions exigent le retour d'expérience des utilisateurs pour réellement dépasser les attentes ». Pour une équipe chargée du développement d'un tel mastodonte, « être l'objet de doutes et de critiques est motivant », assure encore Belsky. De ce point de vue, ils sont servis…
Pour ce qui touche à la version 1 de Photoshop, l'équipe a voulu perfectionner la prise en charge du PSD et repenser les fonctionnalités et l'interface, « pas simplement adapter un bagage de 30 années au premier jour. C'est notre fardeau de démontrer la valeur [du logiciel] ». Une croix qui sera lourde à porter dans les prochains mois jusqu'à ce que Photoshop soit au niveau des besoins des utilisateurs.