Que serait l’iPhone sans le jeu vidéo ? Sans doute pas aussi répandu et populaire. Apple n’a pas manqué le coche en offrant toutes sortes d’outils aux développeurs et surtout, en mettant le paquet sur la promotion de leurs jeux. iOS 11 a ainsi inauguré une restructuration de l’App Store, avec non seulement un onglet dédié aux plaisirs vidéo-ludiques, mais aussi une page d’accueil éditorialisée qui fait la part belle aux jeux — et tout particulièrement les jeux indépendants.
Apple Arcade, un des nouveaux services dévoilés par le constructeur ce début de semaine, creuse ce sillon encore plus en profondeur. Cet abonnement, dont on ignore à la fois le prix et le lancement (à part un vague « à l’automne »), offrira un accès illimité à une centaine de jeux « exclusifs »1 sur iPhone, iPad, Apple TV et Mac.
Concrètement, les abonnés Apple Arcade se rendront dans l’onglet idoine de l’App Store (un onglet qui remplace celui des Mises à jour dont on se demande où on va le retrouver). Ils y trouveront le catalogue au complet des jeux disponibles qu’il leur suffira de télécharger. Ensuite, pas besoin d’une connexion réseau pour jouer, pas d’achats intégrés, pas de pubs ni aucun mécanisme freemium au programme : que du jeu.
Apple Arcade permettra également de reprendre une partie sur un appareil, là où on l’avait lâchée sur un autre appareil. Par ailleurs, la plupart d’entre eux pourront être joués avec une manette — les utilisateurs d’Apple TV gagneront certainement à s’équiper.
Apple n’a pas donné la liste au complet des cent jeux qui constitueront le principal attrait de ce nouvel abonnement. En fouillant un peu, on peut établir cette première liste (via TouchArcade) :
- ATONE: Heart of the Elder Tree
- Beyond a Steel Sky
- Box Project
- Doomsday Vault
- Down in Bermuda
- Enter The Construct
- Frogger in Toy Town
- HitchHiker
- Hot Lava
- Kings of the Castle
- Lega Arthouse, Cardpocalypse
- LEGO Brawls
- Lifelike
- Little Orpheus
- Monomals
- Mr. Turtle
- No Way Home
- Oceanhorn 2: Knights of the Lost Realm
- Overland
- Projection: First Light
- Repair
- Sayonara Wild Hearts
- Sneaky Sasquatch
- Sonic Racing
- Spidersaurs
- The Bradwell Conspiracy
- The Pathless
- UFO on Tape: First Contact
- Where Cards Fall
- Winding Worlds
- Yaga
Il y a du beau linge parmi les premiers éditeurs partenaires d’Apple Arcade : Hironobu Sakaguchi, créateur de Final Fantasy, est à la tête de Fantasian ; Will Wright, concepteur de Sim City et des Sims ; Ken Wong, fondateur du studio Moutains (le jeu Florence) et lead designer sur Monument Valley. Adam Saltsman, le créateur du fameux Canabalt, développe Overland pour l’offre d’Apple.
Le studio Cornfox & Bros. a aussi été enrôlé dans l’aventure et dans la foulée de l’annonce d’Apple, a partagé une nouvelle bande-annonce pour le très attendu Oceanhorn 2 :
En revanche, on trouve très peu de grands noms de l’industrie du jeu vidéo : Electronic Arts, Ubisoft, Epic et les autres pointent aux abonnés absents. Et pour cause : ces éditeurs misent tout sur les freemium, avec un grand succès d’ailleurs (Epic n’a pas à se plaindre du carton de Fortnite). Ces éditeurs n’ont pas besoin d’Apple Arcade, et d’ailleurs Apple Arcade n’a sans doute pas besoin d’eux non plus.
Avec Apple Arcade, le constructeur veut donner une nouvelle chance aux éditeurs ayant misé sur le premium, les jeux qu’on paie une fois pour profiter de l’intégralité de leur contenu. Comme le dit le communiqué de presse d’Apple, « les jeux payants sont souvent salués par la critique et plébiscités par le public, mais la concurrence avec les jeux gratuits étant rude, même les meilleurs d’entre eux touchent un public plus restreint ».
Apple cherche à séduire de nouveaux développeurs, qui pourront se signaler auprès de l’App Store par ce biais. La Pomme ayant promis que de nouveaux jeux s’ajouteront au fil du temps, il importe de nourrir continuellement le catalogue… mais avec des jeux exigeants, « incroyablement fun et aux scénarios immersifs », comme le trompette le constructeur.
Apple Arcade cherche manifestement à devenir une vitrine pour les plateformes d’Apple, qui va d’ailleurs mettre la main à la pâte en contribuant aux coûts de développement et en collaborant étroitement avec les développeurs. Une manière de contrôler de près la qualité de la production… mais aussi un moyen de s’assurer que les jeux n’iront pas se perdre sur Android.
Cette formule simple à comprendre et sans contraintes pour le joueur sera-t-elle de nature à tirer vers le haut un secteur du jeu vidéo mobile piégé par le freemium ? Il reste bien sûr à connaitre le prix de l’abonnement, et l’intérêt des développeurs. On ignore en effet comment seront répartis les revenus tirés des abonnements (ce serait en fonction du temps passé sur chaque jeu selon Mark Gurman). Pour les joueurs (et leurs familles), cela risque néanmoins d’être une bonne affaire.
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Apple explique que les jeux accessibles dans son abonnement ne seront disponibles « sur aucune autre plateforme mobile ». C’est à dire pas sur Android. Plusieurs titres annoncés sortiront sur PC et sur consoles. ↩︎