Depuis leurs débuts, les Live Photos m’émerveillent autant qu’elles me frustrent ; leur aspect magique s’évanouit sitôt qu’elles quittent l’écosystème Apple. On peut convertir ces photos animées en GIF, c’est vrai, mais au fond, ce qui m’embête le plus, c’est qu’on ne peut pas les imprimer. Comment les partager à mes grands-parents qui n’ont ni smartphone, ni tablette, ni ordinateur (ne me dîtes pas en achetant un iPhone) ? Au-delà de ça, comment s’assurer de leur pérennité ?
Et pop ! Voilà que tout à coup, je découvre Pops, un service français qui fait des « tirages vidéo » de Live Photos, ainsi que de Snaps, Boomerang et autres clips très brefs.
Tirages vidéos (Live Photos)
Le terme « vidéo » est un peu tiré par les cheveux, la start-up n’a pas révolutionné l’impression en couchant sur du papier une véritable vidéo, mais il donne une petite idée du résultat. En faisant bouger légèrement la photo de haut en bas, celle-ci s’anime. Les photos imprimées redeviennent ainsi des Live Photo.
Pour obtenir cet effet, Pops exploite une vieille technique, l’impression lenticulaire. « L’idée est d’entrelacer des images entre elles, puis d’imprimer l’image entrelacée au dos de lentilles demi-cylindriques. La convexité de la lentille permet ensuite d’afficher une seule image, et de passer d’une image à une autre quand on bouge le support lenticulaire ce qui crée l’effet de mouvement ou de profondeur 3D », explique Paul-Antoine Campos, le fondateur du service lancé en 2016.
La technique a ses limites, on ne peut pas « imprimer » l’intégralité d’une Live Photo. C’est dans l’application Pops sur iPhone que la sélection de l’extrait d’une seconde (c’est suffisamment long pour garder l’intérêt de la chose) se passe.
À défaut de pouvoir simuler le tirage vidéo dans l’application — c’est une fonction qui donne du fil à retordre à la petite équipe —, celle-ci indique les problèmes éventuels, comme une vidéo dans la mauvaise orientation ou l’oubli de la sélection de l’extrait. Les tirages vidéo sont disponibles en deux tailles : mini (6 x 11 cm) à 0,99 € l’unité et classic (10 x 14,5 cm) à 2,49 € l’unité. C’est beaucoup plus cher qu’un tirage 10 x 15 traditionnel, on est d’accord, mais c’est aussi beaucoup plus original.
La technique d’impression fait que l’image n’est pas aussi nette que sur un tirage traditionnel. La surface du tirage est finement rainurée pour permettre l’effet de mouvement. Il faut en avoir conscience avant de passer commande : choisissez plutôt des photos à la composition simple et où l’animation est claire. Autrement, l’effet peut être assez brouillon.
Tirages 3D (mode Portrait)
Pops propose aussi des « tirages 3D » dédiés aux photos prises en mode Portrait. L’impression lenticulaire est toujours à l’œuvre, mais elle est utilisée ici pour créer un effet de profondeur (dans ce mode l’iPhone distingue en effet plusieurs plans), tout en conservant le flou à l’arrière-plan.
Sans être autre aussi précis que des tirages traditionnels (il y a comme un léger effet de grain), les tirages 3D sont plus nets que les tirages vidéos. La qualité de l’image statique est tout à fait satisfaisante à distance normale. Quant à l’effet de profondeur, il est bel et bien présent, mais à des degrés divers. De saisissant sur certains clichés, où le sujet est comme à la surface du tirage tandis que l’arrière-plan apparaît vraiment en retrait, il est plus anecdotique sur d’autres. Les prix sont les mêmes que les tirages vidéo, et il y a en plus un format 18,5 x 29 cm à 16,99 €.
Sur les sept tirages 3D commandés pour cet article, trois comportent un petit effet de bavure à côté de manches ou de cheveux. Ça ne gâche pas l’intégralité de la photo, mais une fois qu’on l’a remarqué, c’est un défaut qui fait tache. « Pour créer la 3D nous sommes obligés de recréer ce qui est derrière les objets de l’image. Notre algorithme de complétion d’images est en perpétuelle amélioration et il peut arriver qu’il y ait ce phénomène d’images qui “bavent” », indique Paul-Antoine Campos, qui promet pour très bientôt une mise à jour de l’algorithme corrigeant cela.
La start-up parisienne planche aussi sur une mise à jour majeure de l’application iPhone, passage obligé pour commander, qui améliorera plusieurs points critiques. Ce sera le cas de l’étape de connexion, qui sera mieux intégrée au parcours client (il faut se connecter ou se créer un compte dès l’ouverture de l’app, actuellement), ainsi que du panier d’achat, qui permettra enfin de commander en même temps différents types de tirages (oui, il faut faire en ce moment des commandes séparées si vous voulez des tirages vidéos et 3D, et donc payer deux fois les frais de port). Il y a aussi de nombreux bugs à corriger, même s’il y a du mieux depuis mon premier essai début décembre. Une version Android est également prévue pour bientôt.
Que ce soit sur le plan de l’impression ou de l’application, la marge de progrès de Pops est donc assez importante. Malgré ces réserves, je conseille le service — qui n’est pas unique en son genre, mais qui est apparemment le plus accessible et le mieux conçu. Si vous hésitez, vous pouvez toujours commander une poignée de photos seulement pour juger par vous-même.
J’ai fait l’essai à Noël : les tirages vidéos et 3D font leur effet. Ils ont surpris et amusé les personnes auxquelles ils étaient destinés, et attiré la curiosité des autres. Ce qu’on perd en qualité d’impression pure, on le gagne en fun. C’est tout ce qui fait le miel de Pops.