iOS 12 a introduit la fonction Temps d’écran, qui permet de connaître précisément le temps passé derrière chacun de ses petits écrans mobiles. Des fonctions de contrôle parental sont également intégrées… même si tout n’est pas parfait, surtout quand on a à la maison des gamins malins (lire aussi : Greg Joswiak : Temps d'écran n'est pas là pour brider mais pour informer).
La présence de cette fonction pousse-t-elle l’équipe de validation de l’App Store à faire du zèle ? Depuis quelques temps en effet, des applications tierces de mesure du temps d’écran font l’objet d’une surveillance soutenue de la part d’Apple. TechCrunch relate les mésaventures de plusieurs d’entre elles : Mute a disparu de la boutique en octobre, Space le mois dernier…
Néanmoins, après avoir fait connaître publiquement leur mécontentement, ces développeurs ont eu l’heureuse surprise de voir leurs apps de nouveau autorisées dans l’App Store. D’autres n’ont pas quitté l’échoppe, mais Apple en refuse les mises à jour, comme pour Kidslox. Bref, une situation délicate pour des éditeurs présents sur ce marché depuis plusieurs années pour certains, et qui ont bâti leurs entreprises sur ce service.
Les petites mains de l’App Store reprochent généralement aux développeurs d’enfreindre deux articles du guide de bonne conduite : l’article 2.5.1 concernant l’usage des API publiques, et l’article 2.5.4 sur les apps qui moulinent leurs fonctionnalités en tâche de fond. Apple a indiqué à plusieurs d’entre eux que leur implémentation de la mesure du temps d’écran et des contrôles parentaux n’était désormais plus autorisée.
Plusieurs de ces applications détournent en effet des fonctions MDM (Mobile Device Management) normalement destinées à un usage en entreprise, et/ou de VPN. Kidslox par exemple s’appuie sur un réseau privé virtuel afin de connaitre le temps passé par l’utilisateur sur son appareil.
Le studio OurPact, qui développe l’application du même nom, s’est fait confirmer par Apple que les logiciels de gestion d’accès et de contenu en-dehors de la fonction intégrée Temps d’écran ne seront pas autorisés dans l’écosystème iOS. Une décision « incroyablement décevante » pour Amir Moussavian, le patron d’Eturi, maison-mère de OurPact.
Est-ce à dire qu’Apple organise une « destruction systématique » de l’industrie des applications tierces de temps d’écran ? C’est le discours choc que tient Viktor Yevpak, le patron de Kidslox dont l’app est dans les limbes. La Pomme voit sans doute d’un œil mauvais le détournement des fonctions VPN et MDM ; mais toutes ces années, les validateurs de l’App Store ont laissé passer les apps basées sur ces technologies.
Si Apple n’a pas voulu commenter officiellement toute cette histoire, TechCrunch a entendu qu’il ne s’agissait pas d’une cabale du constructeur contre ces applications tierces, mais simplement d’un processus de révision en cours. Ce d’autant que ces apps enfreignent les règles depuis un moment et qu’Apple a toute liberté pour les renforcer quand elle le souhaite (même si cela semble injuste aux yeux des développeurs, bien sûr).
La disparition de plusieurs applications de mesure et de gestion du temps d’écran serait sans doute mal perçue, dans un contexte où le bien-être numérique génère beaucoup d’intérêt de la part de parents inquiets par l’addiction numérique. Apple n’est pas la seule à proposer une solution : Google a introduit l’équivalent de Temps d’écran dans Android P, et on trouve des outils similaires dans les apps de Facebook.