Telegram [4.8.1 – US – Gratuit – iPhone/iPad – 81,1 Mo – Telegram LLC], la messagerie instantanée et sécurisée, refait parler d’elle après avoir été supprimée pendant quelques jours de l’App Store en début d’année. Cette fois, c’est en Russie qu’elle rencontre des difficultés, puisque le régime exigeait des concepteurs de l’app les clés nécessaires pour déchiffrer les échanges effectués sur cette plate-forme. Suite au refus d’obtempérer, une cour de justice a demandé le blocage complet du service dans le pays.
Parel Durov, le créateur russe de Telegram, avait déjà indiqué à plusieurs reprises qu’il était hors de question de fournir les clés de chiffrement indispensables pour lire les messages échangés. L’interdiction pure et simple est dès lors la seule réponse possible de la part de la Russie, mais elle tient aussi du comble quand on apprend qu’une partie de la classe politique utilise Telegram, notamment pour communiquer avec la presse. Reuters a demandé à l’un d’entre eux ce qu’il compte faire maintenant que la messagerie instantanée est interdite. Sa réponse ? Installer un VPN pour contourner l’interdiction…
Cette idée va probablement se généraliser, mais il semble que les VPN deviennent de plus en plus courants en Russie, pour contourner les interdictions locales. LinkedIn était déjà bloqué depuis 2016 dans le pays. Reste à savoir si Moscou compte appliquer la même politique à toutes les messageries instantanées, iMessage y compris. Telegram était le réseau social le plus populaire avec plus de 30 millions d’utilisateurs d’après certaines statistiques, ce qui explique aussi pourquoi il était la cible du pouvoir en place.
Telegram, nouvel eldorado du piratage ?
Une nouvelle polémique touche le service en parallèle. Après les échanges de pornographie pédophile qui avaient valu son exclusion de l’App Store, c’est le piratage qui est apparemment en train d’exploser. Une enquête du site The Outline évoque des canaux riches de plus de 100 000 membres, et dont la seule raison d’être est le partage d’œuvres piratées. Inutile de s’embarrasser avec un service tiers pour stocker les fichiers, les films et séries sont mises en ligne directement sur les serveurs de Telegram et partagées ainsi.
En théorie, l’entreprise a une tolérance zéro en matière de partage de contenus piratés. En pratique, le site a interrogé plusieurs administrateurs de canaux dédiés au piratage et ils n’ont jamais eu de problème, Telegram ferme a priori les yeux et ignore la question. La politique de discrétion de la plate-forme aurait tendance à les rassurer, puisque l’on peut créer un canal de manière totalement anonyme. À part fermer les canaux concernés, le service n’aurait de toute manière pas beaucoup d’options pour agir… si tant est qu’il ait envie de le faire pour commencer.
Telegram est particulièrement généreux en matière de stockage : certes, les fichiers ne peuvent pas faire plus de 1,5 Go1, mais il n’y a pas de limite sur le nombre de fichiers qui peuvent être stockés, totalement gratuitement. Sur certains canaux, il y aurait ainsi plusieurs centaines de giga-octets de contenus, parfois plusieurs téra-octets pour les plus gros.
Naturellement, les ayant-droits ne restent pas les bras croisés et plusieurs demandes officielles ont été envoyées par l’industrie du cinéma et de la musique, pour faire retirer du contenu piraté stockés sur Telegram. Ces mêmes acteurs contactent aussi directement Apple et Google, probablement parce qu’ils savent très bien qu’ils ont de meilleures chances d’arriver à leur fin si les propriétaires des boutiques mettent la pression sur le service.
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Ce qui explique la popularité du H.265 sur la plate-forme : le nouveau codec permet d’obtenir une bien meilleure qualité pour un fichier de ce poids. ↩︎