L'App Store a rapporté gros à certains développeurs (ainsi qu'à Apple) mais par des procédés parfois hautement contestables, comme l'illustre Johnny Lin dans un billet sur Medium. Il utilise une app de VPN et d'anti-virus pour sa démonstration dans laquelle il pointe plusieurs défauts du système actuel. La prochaine interface de l'application App Store dans iOS 11 en corrige certains mais pour d'autres, il n'y a qu'Apple qui puisse agir.
Début juin, le classement américain des apps payantes de productivité les plus rentables faisait apparaître en 10e place un utilitaire inconnu aux côté de OneDrive, Evernote ou Dropbox. Baptisé "Mobile protection :Clean & Security VPN", même son titre semblait avoir été rédigé à la va-vite. D'après l'évaluation de Sensor Tower, son unique développeur avait généré autour de 80 000 $ au mois de mai, pour une app sortie à peine un mois plus tôt. Pas de société derrière ce logiciel, juste le nom de Ngan Vo Thi Thuy (on le retrouve derrière une poignée d'autres utilitaires gadgets). Pour une application supposée créer un VPN afin de sécuriser et rendre anonyme une connexion internet — chose que l'on ne développe pas à la légère — il y avait de quoi être dubitatif.
Autre bizarrerie, la description de l'app citait des fonctions pour supprimer des doublons dans le carnet d'adresses. Aucun rapport avec l'utilité première du logiciel. Les avis à 5 étoiles étaient tout aussi suspects. Rien que sur cette dichotomie entre l'objectif annoncé de l'app et sa description, le système d'évaluation d'Apple a été tenu en échec.
Au lancement, l'App demandait d'emblée un accès aux contacts sur l'iPhone, avec comme seul bouton affiché celui pour accepter la demande. Suivaient deux fonctions pour tantôt analyser l'iPhone, tantôt réaliser un Scan rapide. Tous les deux donnaient la même réponse : « Your contact is cleaned. No dupplicated found ». Le tout avec des fautes d'orthographe.
Enfin, la principale fonction, dite "Secure Internet", offrait en fait de jouer à un jeu « sans l'installer ». Un tap sur la croix de fermeture affichait aussitôt un écran pour lancer l'essai gratuit d'un anti-virus (une autre chose sur iOS qui peut légitimement éveiller de lourds soupçons). Un tap malgré tout sur "Free Trial" affichait la fenêtre de confirmation Touch ID pour valider l'activation. Sauf qu'il n'y avait rien de gratuit dans tout cela. Dans un texte explicatif écrit en petit, il était expliqué que cet essai gratuit allait en réalité consister en un abonnement de 7 jours pour la somme rondelette de 99,99 $. Autrement dit, du vent vendu au prix de l'or.
Un étourdi pouvait légitimement poser son doigt sur le bouton Touch ID et valider l'achat — la détection étant très rapide sur les derniers iPhone — au lieu d'appuyer plus franchement pour quitter l'app ou appuyer sur "Cancel".
Sur ce point en particulier, la nouvelle interface dans iOS 11 est plus claire. Comme on le voit avec cette capture où le prix est mieux mis en avant et affiché plus gros.
Ce qui ne change pas du tout c'est le long chemin nécessaire dans l'interface d'iOS pour aller supprimer un abonnement et éviter qu'il ne se renouvelle automatiquement. Autre reproche formulé par Johnny Lin, la suppression d'une app n'affiche pas d'alerte proposant d'annuler son abonnement en même temps. Dans des cas comme celui-ci, ce serait pertinent.
Comment de telles apps peuvent-elles aussi rapidement gagner en visibilité ? Apparemment en abusant du nouveau système de publicités dans l'App Store (seul l'App Store américain l'utilise pour le moment). En achetant des mots clefs à tire-larigot et en profitant de l'absence de validation et de filtrage de ces publicités (des thématiques comme les anti-virus pourraient être mieux surveillées). Et puis il faut un œil averti pour distinguer ces encarts pubs affichés en grand d'une fiche App Store classique.
Cette application n'est plus visible aujourd'hui sur le store, soit retirée par Apple, soit par son développeur qui en a d'autres en vente. De l'App Store il a beaucoup été question lors de la WWDC avec un gros lifting de l'app du service mais le principal défi reste le même. Avec des milliers d'apps qui arrivent chaque jour sur cette boutique et 500 millions de visiteurs hebdomadaires, Apple doit trier et filtrer un contenu de plus en plus faramineux. Sa responsabilité est d'autant plus importante que la Pomme tire un bénéfice direct du chiffre d'affaires réalisé par ces apps.