Super Mario Run, c’est décidément la grande affaire de Nintendo (et d’Apple) en cette fin d’année. L’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit du premier « vrai » jeu de l’éditeur japonais pour iOS ; il y a certes eu Miitomo, l’étrange messagerie instantanée mâtinée de réseau social, et bien sûr Pokémon GO — qui n’est pas une création Nintendo à proprement parler.
À l’occasion du lancement du jeu ce 15 décembre, Apple a mis les petits plats dans les grands avec les démonstrations de Super Mario Run dans les Apple Store (et des badges pour les employés). Mais Nintendo va au charbon. On a pu voir Reggie Fils-Aime, le patron de Nintendo of America, faire de la retape à la télévision américaine, et d’innombrables interviews de Shigeru Miyamoto dans de nombreuses publications américaines.
Celle donnée au site Glixel nous intéresse plus particulièrement, car le monstre sacré du jeu vidéo revient sur les liens qui unissent Nintendo à Apple. « J’ai toujours eu cette image qu’Apple et Nintendo partageaient une philosophie très similaire. Lorsque nous avons commencé à travailler ensemble, j’ai pu constater que c’était vrai, et ils étaient très heureux d’essayer quelque chose de nouveau ».
Apple, tout comme Nintendo, pense d’abord à la manière dont les gens se servent de leurs produits, poursuit-il. « Nous développons des choses qui peuvent être utilisées par un grand nombre de gens. [Apple] investit beaucoup dans l’interface et la conception de produits simples à utiliser, et c’est très cohérent avec Nintendo ». Le jeu des ressemblances se poursuit :
Je pense qu’Apple aime faire des choses différentes et prendre une approche différente. Au début, les ordinateurs étaient des choses très compliquées, les constructeurs informatiques les présentaient d’une manière qui les rendaient très complexes. Puis Apple est arrivée avec son logo simple et coloré, et [l’entreprise] présentait beaucoup plus de fun.
Shigeru Miyamoto a raconté une anecdote aux gens d’Apple qui a permis de construire un pont entre les deux entreprises. Quand Nintendo a lancé la manette de la Super NES avec ses boutons colorés, le bureau américain ne les a pas gardés ainsi. « J’ai raconté cette histoire à Apple, et je leur ai dit combien j’aimais l’utilisation de la couleur dans leur ancien logo ».
Dans l’esprit de Miyamoto, Apple se concentre d’abord sur la « simplicité », sur la prise en compte de l’utilisateur, et de faire en sorte de lui simplifier la vie dans un environnement sécurisé où il peut jouer et travailler. « Ce sont des domaines où Nintendo et Apple se rejoignent ».
Concernant le développement de Super Mario Run en lui-même, Shigeru Miyamoto explique que l’idée de départ était : « Et si nous faisons un jeu Mario où tout ce que vous avez à faire, c’est de sauter, et tout le reste est pris en charge automatiquement ? ». Une fois cette idée de base validée, « nous devions penser à la structure basique et rendre tout cela amusant ».
Le rôle de Miyamoto a été de construire la structure, le framework dans lequel le jeu allait se dérouler. Et puis il a fallu mettre sur pied le modèle économique du jeu. « Chez Nintendo, nous avons beaucoup d’enfants qui jouent à nos produits. C’était important pour nous de proposer Super Mario Run de telle manière que les parents seraient assurés qu’une fois le jeu payé, ils n’aient pas à se préoccuper de futurs achats intégrés. Depuis le début, j’ai pensé qu’Apple serait un bon partenaire et que nous pouvions travailler sur cette nouvelle approche ».
Très tôt, Apple a été intégrée au processus de conception du jeu. Pourquoi avoir fait appel au constructeur ? L’équipe de Miyamoto voulait s’assurer d’obtenir les meilleures performances, « nous avions besoin d’un support au développement pour faire en sorte que le jeu fonctionne comme nous le voulions ». Quant au modèle économique, « nous ne voulions pas faire quelque chose de free to play, mais pour réaliser ce que nous avions en tête, nous devions parler aux gens qui font fonctionner la boutique ».
Cette entente a débouché, entre autres, sur une fonction d’alerte qui préviendra les utilisateurs que le jeu est disponible, sans doute via une notification. Super Mario Run, qui nécessitera hélas une connexion permanente à internet, sera gratuit au téléchargement, et il faudra débourser 9,99 € pour débloquer tout le contenu.