Il y a quelques semaines, le gouvernement présentait en grande pompe SAIP (Système d'alerte et d'information des populations) pour Android et iOS. À l’époque, si l’initiative avait été saluée, le procédé technique utilisé (une application) avait été vivement critiqué.
C’est évidemment le genre d’applications dont on ne souhaite jamais avoir de nouvelles. Les tragiques événements d’hier à Nice constituaient un véritable baptême du feu pour les responsables de ce projet. Malheureusement, elle s’est montrée d’une inutilité totale. Les notifications d’alerte ne sont parties qu’à 1h34 du matin, soit quasiment trois heures après le début des événements.
Dans la journée, il y a eu une explication de texte que l’on imagine mouvementée, entre le ministère de l’Intérieur et la société parisienne Deveryware, qui a développé l’application. Libération révèle que le dysfonctionnement est lié à une « faille technique ». En effet, la préfecture des Alpes-Maritimes a bien tiré la sonnette d’alarme à 23 heures hier. Elle a alerté le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic) qui a envoyé comme la procédure le prévoit une requête sur le serveur de l’éditeur. Le message était donc prêt à partir, mais il est resté bloqué jusqu’à tard dans la nuit sur les serveurs de Deveryware, la faute donc à cette fameuse faille technique.
Les attentats d’hier ont pu montrer une nouvelle fois l’extraordinaire réactivité des réseaux sociaux. Twitter fourmillait de message d’alerte avant même que les médias sonnent l’alerte. Facebook, pour sa part, a rapidement activé sa fonctionnalité Safety Check.
Le choix du gouvernement de passer par une application reste curieux, même s’il peut avoir son intérêt pour communiquer davantage d’informations sur une alerte. Mais pour lancer une alerte et avertir l’ensemble de la population, il existe un moyen beaucoup plus efficace. Il suffit d’utiliser la Diffusion cellulaire, un procédé qui permet d'envoyer le même message à tous les abonnés (inscrits à ce service) à l'intérieur d'une zone géographique.
Ce service est utilisé dans de nombreux pays dont l’Allemagne, l’espagne, le Portugal, la Chine ou l’Italie pour diffuser des messages d’alerte. Les avantages de cette méthode sont nombreux : envoi de messages géolocalisés (on envoie un message d’alerte à tous les téléphones connectés à une ou plusieurs antennes), pas de surcharge sur le réseau (on envoie un même message à tout le monde en passant en partie sur des canaux de contrôle indépendants du trafic), pas de problème de compatibilité…
Deveryware est censé revoir sa copie et s’est engagé à ce que le problème ne se produise plus. Mais cela est loin de résoudre tous les problèmes.