Les GPS ne sont plus isolés dans chaque voiture, ils sont connectés, reliés entre eux et beaucoup plus malins. C’est Waze qui représente le mieux cette nouvelle génération, connectée et sociale. Ces applications ne se contentent plus de nous guider à bon port, elles cherchent la meilleure route… quitte à adopter des itinéraires hors des grands axes. Et c’est précisément ce qui agace de plus en plus de riverains, agacés par les flots de voitures envoyées par ces GPS dans des quartiers auparavant strictement résidentiels.
Waze et ses concurrents savent distinguer plusieurs niveaux de route, mais au bout du compte, une route est une route. Les GPS évitent normalement les chemins de terre (même si parfois, en rase campagne…), mais si une route qui passe au cœur d’un lotissement vous fait gagner 10 minutes, l’application vous proposera cet itinéraire. C’est plus ou moins le cas chez tout le monde, mais en la matière, c’est Waze qui est le plus agressif.
Pour le conducteur, le bénéfice est évident : on évite les bouchons ou des travaux et le temps de trajet est raccourci. À cet égard, le travail du GPS est parfaitement rempli, mais il y a aussi une conséquence négative. En empruntant une petite route d’un quartier résidentiel, on crée une gêne pour ses habitants. Et ce qui est insignifiant pour une voiture qui passe par là devient un gros problème quand tout le flux est renvoyé sur cette petite route.
The Washington Post s’est penché sur ce sujet, en rencontrant notamment Tim Connor. Cet habitant d’une petite rue autrefois tranquille du Maryland est entré en guerre contre Waze pendant un mois de travaux sur une route non loin de sa maison. L’application a alors modifié l’itinéraire proposé à tous les conducteurs pour contourner ces travaux, et la nouvelle version contournait sa maison de Takoma Park, dans la banlieue de Washington. Et pendant les pics, une voiture empruntait cette route toutes les deux secondes en moyenne, une explosion du trafic qui est restée, même après les travaux.
Il faut dire que le GPS collaboratif de Google apprend des usages et s’améliore au fil du temps : ce raccourci est donc désormais mémorisé pour de bon. Comme d’autres aux États-Unis et probablement dans le monde entier, Tim Connor a essayé de tromper Waze en utilisant Waze. À chaque fois que le trafic commençait à arriver, il remplissait le GPS de fausses informations pour simuler des bouchons ou des accidents. Mais comme tous ceux qui suivent cette stratégie le comprennent vite, c’est peine perdue.
Waze s’est construit entièrement sur sa communauté et l’application compte énormément sur la rapidité, mais aussi la fiabilité des informations remontées par ses utilisateurs. Cela se voit : quand on compare les infos fournies par rapport à celles de ses concurrents, l’app de Google est systématiquement plus réactive et plus complète pour lister tous les incidents. Il y a tellement d’utilisateurs que les informations remontent rapidement, mais toute la difficulté est de filtrer ces données pour ne garder que les bonnes.
Et ça, Waze le fait désormais très bien. Tim Connor a été rapidement bloqué par le service en raison de ses fausses informations. Et même quand plusieurs personnes dans un quartier essaient de le faire, cela ne fonctionne jamais longtemps, car il y aura toujours plus de monde pour indiquer que les données sont fausses. N’y a-t-il alors aucun espoir pour la tranquillité des quartiers résidentiels ?
Certaines communes ont choisi de travailler avec Waze, plutôt que d’essayer de contrer ses données. Le service de GPS peut apporter des informations précieuses sur les zones où les bouchons se forment, et des aménagements peuvent ensuite être envisagés pour améliorer la fluidité du trafic. D’ailleurs, les itinéraires calculés par l’application sont pensés pour répartir au mieux les voitures et Waze essaie d’éviter au maximum les bouchons. Mais ce n’est pas toujours possible, et à un moment ou à un autre, il faut bien que toutes les voitures traversent une zone.
Waze a encore des progrès à faire dans ce domaine : dans certaines rues tranquilles de Californie, on a parfois mesuré des augmentations à hauteur de 45 000 voitures supplémentaires par jour. En attendant, la meilleure solution est de bloquer le passage, ce que certaines communes ont effectué en ajoutant des sens interdits ou des interdictions de tourner.