La RATP est sélective quand il s’agit de prêter ses précieuses données. L’application Citymapper en fait actuellement les frais. La Régie des transports parisiens lui a refusé l’autorisation d’exploiter ses données en temps réel, ce qui fait pourtant tout le sel de l’app qui peut ainsi prévenir ses utilisateurs d’un incident ou d’un changement sur le réseau. La start-up londonienne a lancé une pétition pour forcer la RATP à lui fournir ces informations dans le cadre de l’Open Data.
Citymapper s’étonne des réticences de la RATP, alors que l’éditeur travaille en bonne intelligence avec tous les services de transport public dans le monde, y compris avec le STIF, l’autorité des transports en Ile-de-France pour améliorer l’information des passagers. Du côté de la RATP, on soutient l’Open Data en vertu de la loi Macron d’août 2015, dont les décrets restent cependant à publier au JO.
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Quand ce sera le cas, les entreprises seront tenues de livrer leurs données en respectant un « code de conduite ». Une des dispositions de ce code est de contribuer aux coûts de la mise à disposition des informations. Pas question en effet qu’une société comme Citymapper puise à volonté sur les serveurs de la RATP sans que l'app participe financièrement aux frais de gestion.
Franck Avice, le directeur service et relation clients de la RATP, déclare à ce sujet au Monde : « Il y a quinze jours, Citymapper a fait tomber nos serveurs à force de les solliciter, de manière non autorisée ». Or, Citymapper a récemment levé 50 millions de dollars ; à la RATP, on s’interroge sur l’exploitation des données des utilisateurs, que l’éditeur pourrait croiser avec d’autres fichiers et monétiser, sans aucun retour pour la Régie : « Dès lors, pourquoi devrait-on leur céder gratuitement nos propres données ? ».
On le voit, tout n’est pas tout blanc ou tout noir dans cette affaire. Ce d’autant que la RATP veut se voir rétrocéder une licence OBDL concernant tous les développements réalisés avec ses données. Du côté de la Régie, on indique que personne ne veut se plier à cette exigence, chez Citymapper on assure que la question n’a même pas été discutée.
En attendant que les choses se décantent, on peut toujours utiliser l’application officielle RATP, utilisée par 1,2 million de voyageurs chaque jour. Ironiquement, la RATP a organisé ce week-end l’événement UrbanLab sur les usages liés à l’Open Data.