Ustwo, l'éditeur de Monument Valley [2.2.3 – US – 3,99 € (achats in-app) – iPhone/iPad – 266 Mo - ustwo™], aime décidément la controverse. Après la première extension —payante — du jeu, plusieurs joueurs s'étaient offusqués de devoir repasser à la caisse alors qu'ils avaient déjà payé une fois le titre (lire : Voilà pourquoi vous ne méritez pas Monument Valley). L'affaire s'était cependant rapidement tassée, mais elle avait permis au jeu de rester dans l'actualité, comme il le mérite d'ailleurs. Le studio revient sur le devant de la scène médiatique après avoir mis en ligne un tweet sur le niveau de piratage de l'application.
On y apprend que seules 5% des versions Android du jeu ont été dument achetées, contre 40% sur iOS. Cela signifie que 95% des copies de Monument Valley ont été piratées sur la plateforme de Google, 60% sur celle d'Apple. Ce niveau de piratage n'a rien de très étonnant : déjà en 2009, un an après le lancement de la boutique, l'éditeur Fishlab avait calculé un taux de 95% de piratage pour un de ses jeux.
Malgré les indélicatesses des voleurs de Monument Valley, Ustwo ne se plaint pas. Dan Gray, le producteur du jeu, a même tenu à clarifier un point : les taux calculés ne prennent pas en compte les utilisateurs qui installent le jeu sur plusieurs des terminaux en leur possession — un achat pour iPhone ouvre le droit de l'installer sur un iPad et n'importe quel autre appareil iOS connecté au même compte iTunes. Cela ne représente toutefois qu'une petite part des 95% et 60% de piratage.
Sur Android, le ratio entre l'achat et le piratage est cependant similaire d'une application à une autre, d'un éditeur à un autre. Toutefois, « nous avons pris cette décision dans le passé de ne pas implémenter de protection contre le piratage dans Android », explique le responsable d'Ustwo. De toutes manières, une protection « se fait craquer en une journée ou deux ». La réflexion du studio est la suivante : la majorité des pirates n'auraient de toutes façons pas acheté le jeu. « Ça n'est donc pas comme si nous avions perdu des revenus », philosophe t-il.
Pour expliquer la différence entre les deux plateformes, Dan Gray estime qu'il s'agit surtout d'un problème qui touche à la structure du marché : Android, qui se multiplie dans les terminaux d'entrée de gamme et low cost, est très populaire dans des territoires où les consommateurs n'ont pas nécessairement l'habitude de payer du contenu. À l'inverse, sur des marchés mûrs, les consommateurs sont plus enclins (et plus fortunés) pour dépenser les trois ou quatre dollars demandés. « Prenons les États-Unis. Ces taux de paiement sur Android et iOS sont en fait considérablement plus proches ». Et plus élevés.
Au delà du cas de Monument Valley, Gray est aussi revenu sur le débat sur le freemium face au premium, et qui a largement tourné en faveur du premier. C'est le cas sur iOS évidemment, mais aussi et surtout sur Android, ce qui aurait pu conduire l'éditeur à lancer une mouture gratuite uniquement pour Android, moins bien fournie… Les joueurs adeptes du système d'exploitation de Google ne voudraient cependant pas se faire traiter comme des utilisateurs de seconde zone, c'est pourquoi Ustwo n'a pas l'intention de développer de versions allégées pour Android.