L'application Duet Display permet de transformer un iPad ou un iPhone en écran secondaire pour le Mac (lire : Duet Display transforme l’iPad en Cinema Display). Une fonction qui n'a rien de très original, puisqu'on la trouve dans Air Display, iDisplay ou encore DisplayPad… sauf que Duet Display utilise non pas le Wi-Fi comme ses concurrents, mais le câble Lightning ou 30 broches pour diffuser la vidéo du Mac sur la tablette ou le smartphone. De fait, la connexion filaire se montre beaucoup plus fiable que le Wi-Fi, source potentielle de latence et de ralentissements entre le Mac et un terminal iOS.
Avec Duet Display, Apple autorise-t-elle désormais l'usage par les applications tierces du port USB de ses appareils mobiles ? C'est la question posée par Matt Ronge, développeur d'Astro-HQ, un studio qui va lancer dans le courant de l'année prochaine un logiciel transformant un iPad en tablette graphique (on peut s'inscrire pour être tenu au courant du lancement de l'app). Sur Medium, le programmeur explique avoir cherché à utiliser l'USB afin d'obtenir les meilleures performances possibles entre l'iPad et le Mac. « L'USB offre une connexion fiable, d'une latence très faible, qui est 100 fois meilleure que n'importe quelle technologie sans fil (tout spécialement depuis que Yosemite a de sérieux problèmes de connectivité Wi-Fi) », explique Ronge.
Mais voilà, Apple n'a pas autorisé l'utilisation de l'USB pour l'application. Le studio en a eu la confirmation en soumettant une première version du logiciel nécessitant l'usage du câble USB : « Un représentant d'Apple nous a appelés et nous a informés que la connectivité USB n'était pas autorisée ». Ce refus a poussé l'équipe à mettre au point un système de streaming vidéo (puisqu'en bout de course, c'est de cela qu'il s'agit) en Wi-Fi aussi performant que possible. « Le streaming vidéo en haute qualité avec une latence extrêmement faible en Wi-Fi est incroyablement difficile », raconte le développeur.
C'est pourquoi il a passé le plus clair de l'année à mettre au point son propre protocole destiné aux réseaux locaux sans fil, accéléré matériellement et « partiellement écrit en assembleur ARM (nous sommes dingues) ». Résultat : Astro-HQ dispose aujourd'hui d'un moteur de streaming vidéo à la pointe de la technologie. Évidemment, l'éditeur aurait préféré se passer de ce développement coûteux en temps et en argent et utiliser directement l'USB… « Si nous avions pu nous servir de l'USB depuis le début, nous aurions livré l'application il y a six mois », déplore Matt Ronge.
Plus globalement, au delà de ce problème spécifique, cette histoire montre que les bonnes pratiques d'Apple sont mouvantes, comme on le voit très régulièrement avec des apps validées puis rejetées, avant d'être de nouveau autorisées (dernier exemple en date : Validation : Apple calcule de nouveau les extensions). Cette inconstance pose de sérieux problèmes aux développeurs et aux éditeurs qui s'investissent énormément, en ayant au-dessus de la tête une épée de Damoclès qui peut frapper au hasard. C'est d'ailleurs la conclusion de Ronge : « Pour les développeurs qui veulent concevoir des applications innovantes requérant un investissement significatif en temps, les politiques de l'App Store sont trop incertaines ».
On verra ce que donnera cette nouvelle liberté laissée aux développeurs de mettre au point des apps sachant tirer profit de la connexion USB, si du moins Apple leur donne le feu vert. Le constructeur était plus ouvert concernant le port 30 broches : des applications professionnelles pouvaient piocher dans les informations mesurées par les terminaux mobiles équipés de l'ancien connecteur. Les fabricants d'accessoires émargeant au programme Made for iPhone ont accès à une bibliothèque d'API qui leur permet d'utiliser le Lightning pour leurs gadgets.