Rovio est passé en quelques années de petit éditeur finlandais de jeux vidéo mobiles à un géant du divertissement mondial et ce, grâce à une franchise extrêmement lucrative : Angry Birds. Le PDG qui a accompagné cette transformation exceptionnelle, Mikael Hed, a décidé de passer le flambeau à Pekka Rantala, ancien patron des boissons Hartwall qui a aussi et surtout passé quelques années chez Nokia. La transition s'opèrera le 1er janvier, Hed restant « dans la famille » puisqu'il deviendra président du studio d'animation.
Rovio a bâti son empire sur des fondations fragiles. Angry Birds est toujours un gros succès mais l'éditeur n'a pas réussi à lancer d'autres franchises tout aussi lucratives, malgré la qualité de certaines productions comme Amazing Alex ou Tiny Thief. L'éditeur a tenté la diversification en développant l'univers d'Angry Birds au sein d'autres genres de jeux, comme la course de karts ou le jeu de rôle. Angry Birds Go! a été jugé sévèrement par la critique et de nombreux joueurs pour appuyer trop fort sur la pédale des micro-paiements, tandis qu'Angry Birds Epic est loin d'avoir soulevé l'enthousiasme.
Pire encore pour Rovio, aucun de ses jeux ne figure dans le top 100 du classement des apps gratuites de l'App Store aux États-Unis, tandis que le premier volet d'Angry Birds est aux environs de la quarantième place du top 100 des logiciels payants — plutôt ironique quand on considère que Rovio a tout misé sur le freemium. Le jeu et son univers restent néanmoins très porteurs comme on l'a vu avec les crossovers Star Wars ou Transformers (prévu le 15 octobre).
Le merchandising autour des piafs en colère, qu'il s'agisse des vêtements ou de la série animée, fonctionne toujours bien même si là aussi, le risque de lasser est présent. On verra en 2016 si la vague Angry Birds est toujours aussi porteuse puisque le film sortira au cinéma. Les résultats commencent d'ailleurs à piquer du nez : l'entreprise a réalisé moitié moins de profits en 2013, 26,9 millions d'euros, que l'année précédente (55,5 millions). Les revenus ont eux légèrement augmenté à 156 millions d'euros contre 152,2 millions en 2012. Chez Rovio, on voudra sans doute s'éviter le sort peu enviable de King qui a voulu trop capitaliser sur Candy Crush (lire : Candy Crush : crash de King en Bourse).