Le Skyline d'HMD est le premier smartphone Android à adopter, péniblement, la norme Qi2. Un faux départ pour cette évolution du MagSafe censée en offrir les bénéfices ailleurs que sur iPhone.
À défaut de Samsung sur les Galaxy S24 lancés en janvier ou de Google sur ses Pixel 9 dévoilés cette semaine, la norme Qi2 entre sur Android par la petite porte d'HMD qui fabriquait autrefois ses appareils sous la marque Nokia. Las, ces premiers pas sont hésitants comme a pu le constater Wired dans son test de ce téléphone vendu 499 €.
Le Skyline s'est fixé magnétiquement à des supports MagSafe — le Qi2 l'a prévu — sans pour autant lancer la recharge — le Qi2 l'a pourtant prévu. Cependant, cette même absence de charge s'est manifestée avec des chargeurs Qi tout à fait classiques. Mais elle pouvait aussi marcher correctement sur d'autres… Alors même qu'un appareil compatible Qi2 doit fonctionner avec un chargeur Qi et MagSafe (la charge restera calée sur 10W au lieu de monter à 15). Testé avec le support Qi2 de Nomad, le Skyline s'est immédiatement mis en charge. Un fonctionnement très aléatoire qui ne correspond pas à ce que définit la norme.
Nomad lance son chargeur Qi2 d'un demi-kilo
Et même sur la fixation magnétique, tout n'était pas parfait avec le Skyline. La puissance des aimants utilisés conjuguée à un poids plus prononcé du téléphone sur sa partie supérieure a fait qu'il avait tendance à pivoter autour de son axe de fixation. En résumé, le Skyline est Qi2 sur le papier, mais dans la réalité du quotidien, l'intégration de cette norme est visiblement très bancale.
Bancale l'est aussi l'adoption du Qi2 supposé apporter aux dernières et futures générations de smartphones Android les bénéfices du MagSafe, à commencer par sa fixation impeccable au support de charge. Ce qui a ouvert la porte à toutes sortes d'accessoires où les iPhone défiaient la pesanteur.
Annoncée en janvier 2023 puis finalisée en novembre, la norme Qi2 a été accompagnée au CES 2024 de janvier dernier par plusieurs fabricants… d'accessoires, qui avaient déjà fait leurs preuves avec le MagSafe. Pour les fabricants de smartphones, aucun n'était cité en dehors d'Apple et ça reste la soupe à la grimace. Apple, qui a fourni la base technique du MagSafe, a naturellement aligné ses iPhone 15. En face les occasions manquées se sont enchaînées : pas de Qi2 sur les Galaxy S24 de janvier et pas davantage sur les Pixel 9 de cette semaine, avec une excuse alambiquée de Google. Pas mieux avec les lancements de smartphones d'autres marques survenus dans cet intervalle.
Google n’a bizarrement pas jugé le Qi2 intéressant pour ses Pixel 9
Interrogé en avril par le site allemand Nextpit, Paul Golden, le directeur marketing du Wireless Power Consortium où ont été définies ces normes mettait ces hésitations sur le compte des longs cycles de développement :
La certification a commencé en décembre 2023 et le temps a manqué chez la plupart des fabricants pour une mise sur le marché. Ces marques certifient les nouveaux téléphones en fonction de leurs cycles de développement respectifs.
Intégrer le Qi2 n'est pas qu'une affaire logicielle, il faut prévoir l'ajout de l'anneau d'aimants et tenir compte parfois de spécificités de design. Comme le S24 Ultra qui embarque déjà des aimants pour tenir le stylet S Pen collé à l'arrière. Chez Apple, le MagSafe existant depuis l'iPhone 12, passer au Qi2 n'a probablement pas représenté de challenge particulier.
Hormis des cas comme le haut de gamme de Samsung, il semble qu'il n'y ait rien d'insurmontable à faire du Qi2 une nouvelle caractéristique sur un smartphone Android. À condition de prendre le temps de le faire correctement — HMD paraît en être le contre-exemple. Les lancements dans les 12 prochains mois, où les gammes actuelles seront toutes renouvelées, serviront de test pour le Qi2.