Samsung s'est brûlé les doigts en Australie à force de proclamer haut et fort que ses smartphones étaient capables de résister à l'eau alors qu'une plongée en mer ou dans une piscine pouvait les abîmer irrémédiablement. La Commission australienne de la concurrence et de la consommation — l'ACCC — a condamné le fabricant à une amende de 14 millions de dollars, soit un peu plus de 9 millions d'euros.
L'enquête avait démarré à l'été 2019, l'ACCC accusait Samsung d'exagérer les qualités aquatiques de plusieurs de ses téléphones, au risque de tromper le consommateur. Lors de leur présentation puis sur de multiples supports, les publicités et des témoignages vantaient la résistance à l'eau des appareils en montrant des gens se jeter dans une piscine tout habillés — supposément avec leur téléphone en poche — utiliser tranquillement leur Galaxy sous l'eau, ou suggérer qu'on pouvait aller affronter des vagues sans se soucier de son smartphone. Un partenariat avec une surfeuse avait été même reconduit pour l'occasion, la championne décrivait son S7 comme un « parfait compagnon pour la plage ».
Ces Galaxy étaient bien résistants à l'eau, avec la norme IP68, mais comme on l'oublie souvent, et comme ce marketing se gardait de le souligner, elle ne vaut que pour un téléphone posé délicatement et maintenu immobile dans de l'eau douce. Le chlore des piscines, le sel marin et l'agitation peuvent avoir des effets désastreux, pas forcément sur le moment, mais sur la durée. Avec une corrosion notamment sur les ports de connexion. Surtout lorsqu'on accélère le phénomène en chargeant son téléphone avant qu'il ne soit complètement sec, déplore l'ACCC.
Ces messages publicitaires, diffusés entre 2016 et 2018, ont pu donner aux clients un sentiment erroné de sécurité et servir de ressort pour les ventes, explique l'ACCC. Plus de 3,1 millions des téléphones incriminés ont été vendus en Australie. Il s'agissait des S7, S7 Edge, A5 (2017), A7 (2017), S8, S8 Plus et Note 8. Et l'AAAC dit avoir reçu des centaines de plaintes de clients ayant eu des problèmes importants ou constaté des dommages irréparables.
Samsung avait au départ réfuté toute tromperie dans ses publicités, mais dans le même temps ses pages d'assistance déconseillaient sans ambiguïté les usages promus par ces campagnes. Pris dans ses contradictions et des évidences techniques, le fabricant a finalement reconnu ses torts. Outre l'amende, il devra s'occuper des clients dont le téléphone a perdu l'usage du port de recharge après une exposition dans de l'eau salée ou chlorée.
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Samsung a tout de même eu un peu de chance dans l'affaire, la période couverte a précédé de peu le vote d'une loi pour augmenter les amendes dans ce type de dossier. Actuellement c'est une autre qualité de ses téléphones qui est mise à l'épreuve : la résistance à la poussière.
50 millions de smartphones Samsung prendraient la poussière
Source : ACCC