Google a fait en sorte de rendre les paramètres de confidentialité difficile d'accès sur Android. En 2018, l’agence AP révélait que Google récoltait les données de localisations de ses utilisateurs, même de ceux ayant explicitement refusé d'être suivi dans les paramètres d'Android. Dans le cadre d'un procès ayant eu lieu à ce sujet en Arizona l'année dernière, de nouveaux documents du dossier ont été révélés.
On y apprend que Google a testé pendant un temps un bouton permettant aux utilisateurs d'Android de refuser de manière simplifiée le suivi de la localisation. Ce bouton était accessible dans le menu de paramètres rapides, l'équivalent du Centre de contrôle sur iOS. Cependant, Google a rapidement réalisé que de nombreux utilisateurs avaient tendance à utiliser ce bouton s'il était mis en avant. D'après les recherches de Google, cela se traduisait par une diminution des capacités de la firme à collecter les données des utilisateurs. La firme a donc fait en sorte d'enfouir ce bouton dans les paramètres du système, tout en le supprimant de l'accès rapide. Google a également fait en sorte que les constructeurs de smartphones l'imitent, et aurait notamment réussi à convaincre LG. Le rapport explique :
Les efforts de Google visaient à minimiser la mise en avant des paramètres de localisation, car les recherches de Google ont montré que les utilisateurs sont plus susceptibles de désactiver les paramètres de localisation lorsqu'ils ont une option claire pour le faire. Google a tenté de convaincre les opérateurs et fabricants de dissimuler les paramètres de localisation - ou de les rendre moins visibles par de fausses déclarations et/ou par la dissimulation, la suppression ou l'omission de faits connus de Google concernant l'expérience utilisateur afin de régler ce problème de confidentialité. En réalité, Google essayait simplement d'augmenter le taux d'utilisation de la localisation, ce qui est essentiel pour ses propres revenus publicitaires.
Les documents rappellent qu'avant l'arrivée d'Android Q en 2019, un utilisateur ne pouvait pas directement accéder aux paramètres WAA (Activité sur le Web et les applications). L'utilisateur devait à la place se rendre dans les paramètres redirigeant sur un lien Google. Il fallait ensuite naviguer sur le site jusqu'à trouver l'option désirée. Google aurait aussi modifié les données récoltées sur les utilisateurs sans forcément les prévenir.
Ces documents révèlent également qu'il était impossible de ne pas donner sa localisation à Google. L'ancien vice-président de Google Maps, Jack Menzel, a expliqué que Google pouvait toujours déduire où sont votre domicile et votre lieu de travail. Il explique que le seul moyen de ne pas donner ces informations à Google était de donner... une fausse adresse. De plus, les applications Google communiquant entre elles, celles-ci pouvaient se partager la localisation de l'utilisateur. Les employés de Google reconnaissent dans ces mails que ce manque de clarté est un problème pour l'utilisateur. Dans un extrait de conversation, un ingénieur spécialisé explique même ne pas réussir à complètement désactiver le tracking sur son téléphone :
Parlant en tant qu'utilisateur, WTF ? Plus précisément, je pensais que le suivi de localisation était désactivé sur mon téléphone. Cependant, le bouton dans les paramètres rapides était activé. Notre message à ce sujet suffit donc à rendre confus un ingénieur logiciel de Google spécialisé sur la confidentialité. Ce n'est pas bon.
Dans un autre mail, un employé explique notamment que le seul moyen d'utiliser Android sans être pisté par Google est d'utiliser Lineage OS, une version modifiée d'Android qu'il utilise sur son téléphone personnel.
Mise à jour : Google a souhaité réagir à notre article, voici la réaction officielle dans son intégralité :
"Les contrôles de confidentialité sont depuis longtemps intégrés à nos services et nos équipes travaillent en permanence pour les améliorer. Concernant les informations de géolocalisation, nous avons entendu les commentaires faits à ce sujet, et avons travaillé dur pour améliorer les contrôles de confidentialité. Même ces extraits publiés de manière sélective indiquent clairement que l'objectif de l'équipe était de "réduire la confusion autour des paramètres de l'historique des positions". - Porte-parole de Google