Signe des temps qui changent ou simple effet de la pandémie, Huawei vient de dérober à Samsung sa position de premier vendeur mondial de smartphones. Citant les estimations de Canalys, The Verge rapporte en effet que le constructeur chinois est parvenu à écouler 55,8 millions de téléphones sur la période avril-juin, contre 53,7 millions pour Samsung.
La direction de Huawei doit-elle sortir le champagne ? Tant qu’elle se concentre sur le marché chinois, sans aucun doute : avec une croissance annuelle de 14 % et une part de marché de 46 %, Huawei règne en maître dans son propre pays1. En revanche, la situation est plus mitigée au niveau mondial, puisque les ventes de la firme de Shenzhen y ont en réalité baissé de 5 % d’une année sur l’autre.
Certes, Samsung ne fait pas mieux. Le géant coréen fait même bien pire, avec une baisse annuelle de 30 % de ses ventes mondiales de téléphones. Une baisse qu’il faut replacer dans le contexte de la pandémie, et qui prouve surtout que la Chine — le fief de Huawei, qui y écoule 70 % de ses appareils — a été moins sévèrement touchée par le COVID-19 que d’autres pays dont dépend Samsung.
Et si Samsung n’a pas su se faire une place en Chine, Huawei rencontre des difficultés dans le sens inverse : à cause de l’embargo américain, les appareils chinois ne peuvent toujours pas embarquer les services de Google. Voilà qui diminue leur attractivité auprès des consommateurs occidentaux et menace la position globale de la société chinoise à moyen terme.
Étrange symétrie, Google voudrait en ce moment convaincre Samsung de laisser une plus grande place à ses services (le Play Store et Google Assistant, notamment) au sein des téléphones coréens. Bien que Samsung n’ait pas encore accepté (ou décliné) cette offre qui menacerait ses propres technologies, la contrepartie financière offerte par la firme de Mountain View pourrait bien faire pencher la balance en cette période de crise.
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Apple, de son côté, affichait la meilleure performance chinoise, avec une croissance annuelle de 32 %. Un chiffre qu’il faut relativiser : la firme californienne ne contrôle toujours que 9 % du marché chinois (et s’en porte sans doute très bien au vu des marges confortables de ses produits). ↩︎