Au-delà du matériel et des finitions, ce qui a frappé les premiers testeurs des Pixel 3 et Pixel 3 XL, c’est le logiciel. Tout particulièrement ce qui permet aux derniers smartphones de Google de décrocher, selon eux, la timbale de meilleur photophone du marché.
Les Pixel 2 et 2 XL avaient montré le chemin : les photos prises avec ces deux appareils offraient déjà une qualité remarquable, et ce encore aujourd’hui malgré la concurrence affûtée d’Apple et de l’iPhone XS (lire : Test de l’appareil photo de l’iPhone XS).
Petite revue de tests en compagnie de Dieter Bohn (The Verge), Brian Heater (TechCrunch), Ivan Mehta (The Next Web) et Lauren Goode (Wired).
D’abord un appareil photo…
La grande affaire des Pixel 3, c’est leur (unique) appareil photo au dos. Un capteur de 12 mégapixels ƒ/1.8, avec des pixels de 1,2 µm, équipé de la stabilisation optique et électronique. Au-delà des caractéristiques purement techniques, Google a multiplié les traitements logiciels à grands renforts d’apprentissage automatique et d’intelligence artificielle.
On ne reviendra pas en détails sur les développements réalisés par le moteur de recherche (lire : Les Pixel 3 repoussent les limites de la photographie informatisée). Mais tous les testeurs s’accordent à dire que les nouveaux Pixel sortent nettement du lot en matière de photographie, y compris face aux derniers-nés d’Apple.
Plusieurs comparaisons postées par les testeurs montrent que Google a effectivement une longueur d’avance en matière de photographie informatisée. Les photos réalisées avec les Pixel 3 sont généralement plus détaillées et plus contrastées que celles prises avec d’autres appareils (notamment l’iPhone XS). Les tons sont un peu plus chauds, l’appareil photo débouche un peu mieux les ombres.
Cela veut-il dire qu’il faille jeter aux orties l’appareil photo de l’iPhone XS ? Dieter Bohn se veut pragmatique : toutes les photos produites par les smartphones haut de gamme, que ce soit l’iPhone XS, le Galaxy S9 ou le Pixel 3, sont de très bonne qualité. Après, tout dépend beaucoup des goûts de chacun.
Le Pixel 3 compense l’absence d’un téléobjectif (et donc de zoom optique x2) avec la fonction Super Res Zoom. Le smartphone exploite les mouvements des mains qui tremblent (même imperceptiblement) lors de la prise de vue pour récupérer le maximum de données, ce qui lui permet de générer des images avec le plus de détails possibles.
Le procédé est intéressant, mais les résultats issus de cette fonction dépendent beaucoup du sujet, comme la plupart des clichés réalisés au zoom.
Les deux capteurs photo en avant produisent des résultats tout à fait réussis. Le mode Portrait avec effet Bokeh (la profondeur peut être réglé après la prise de vue) ne souffre pas des stigmates « peau lisse » des iPhone XS, qu’Apple a promis de régler.
Le Pixel 3 est également capable de prendre en photo plus de personnes dans un selfie grâce à son deuxième capteur grand angle (ƒ/2.2, 97° de champ de vision, contre une ouverture de ƒ/1.8 et 75° pour le capteur normal) en façade. Le résultat est sympa, mais Dieter Bohn estime que la qualité n’est pas aussi bonne qu’avec un appareil photo standard.
Le testeur de The Verge reconnait néanmoins que ce duo de capteurs permet de prendre des photos impossibles sinon.
… et tout le reste
Contrairement à d’autres constructeurs qui allongent indéfiniment la liste technique de leurs smartphones, Google a choisi de rester dans la continuité de ses précédents appareils : oui, les Pixel 3 et 3 XL embarquent des composants haut de gamme, mais sans en faire plus qu’il n’en faut.
On retrouve dans les deux appareils les mêmes composants : puce Snapdragon 845, 4 Go de RAM, de 64 à 128 Go de stockage, le Bluetooth 5.0, la résistance à l’eau IP68, un port USB-C, pas de port jack. Les batteries affichent des capacités de 2 915 mAh pour le Pixel 3, et 3 420 mAh pour le Pixel 3 XL, et le poids des appareils est de respectivement 148 et 184 grammes.
Le Pixel 3 intègre un écran de 5,5 pouces (2 160 x 1 080), son grand frère une dalle de 6,3 pouces (2 960 x 1 440). Ni l’un ni l’autre ne gagneront de concours de beauté : le premier affiche d’épaisses bordures en haut et en bas de l’écran, le second combine une encoche de belle taille avec une solide galoche.
Lauren Goode n’est pas dérangée par la présence de l’encoche et de la bordure du bas de l’écran du 3 XL ; Dieter Bohn indique lui qu’on oublie rapidement l’encoche. C’est le cas aussi de l’iPhone X et suivant. Beaucoup de bruit pour rien, finalement ?
Google explique vouloir privilégier les haut-parleurs (deux en façade pour un meilleur son stéréo) et la prise de vue de selfies : on trouve ainsi deux appareils photo de 8 mégapixels à l’avant. Comme on l’a vu plus haut, l’enthousiasme des testeurs pour les égoportraits « grand angle » n’est pas nécessairement débordant.
Les deux appareils troquent l’aluminium pour le verre (protégé Gorilla Glass 5 à l’avant comme à l’arrière), ce qui leur permet au passage de pouvoir se recharger par induction. Les écrans OLED des deux appareils sont plus lumineux et globalement de meilleure qualité que ceux de leurs prédécesseurs. On se rappelle des polémiques qui s’étaient abattues sur la dalle du 2 XL l’an dernier.
La finition mate au dos des deux appareils est sujette aux rayures. Google indique que ce revêtement offre une meilleure prise en main, mais gare si on a la mauvaise idée de transporter son Pixel dans une poche avec des clés ou des pièces de monnaie.
Dieter Bohn salue le travail sur le design réalisé par Google, mais il estime tout de même que le moteur de recherche n’a pas encore atteint le niveau de finition d’Apple ou de Samsung.
Les Pixel 3 ne sont pas là pour épater la galerie, expose Brian Heater. Mais ce sont des vitrines solides pour les innovations « impressionnantes » de Google. Même constat pour Dieter Bohn : les Pixel 3 sont tout simplement les meilleurs smartphones Android que l’on peut acheter aujourd’hui. Surtout, ils offrent la « meilleure expérience Android » et surtout, le « meilleur appareil photo » de tous les smartphones du marché.
Ces appareils sont un exemple de ce qu’il est possible d’accomplir lorsque le logiciel tire le meilleur profit de composants améliorés au fil du temps, conclut Lauren Goode. « Ce n’est pas parfait », admet la journaliste de Wired, mais ce n’est qu’une réalité à un moment T : « cela changera et s’améliorera avec le temps » grâce au logiciel.