Quelques jours avant le lancement de l’iPhone X, l’analyste Ming-Chi Kuo affirmait qu’Apple avait pris deux ans d’avance sur ses concurrents en matière de biométrie faciale 3D.
Son pronostic tend à se confirmer au vu de ce qui a été annoncé sur les Galaxy S9 pour les méthodes d’identification. Samsung est probablement le seul à pouvoir répondre directement à Apple, techniquement (par ses compétences) et commercialement (par ses volumes de ventes).
Seulement, la dernière génération de ses smartphones fait toujours du bon vieux capteur d’empreintes le dispositif d’identification le moins casse-tête et le plus sûr. Pourtant, ce n’est pas à défaut d’essayer d’avoir un bonbon pour tout le monde.
Comme les S8, les S9 et S9+ proposent pas moins de six méthodes : code PIN, mot de passe, schéma (le tracé avec le doigt sur une grille de points), empreinte digitale, reconnaissance faciale et reconnaissance de l’iris. Cette année il y a un « one more thing », une septième approche dite de « l’analyse intelligente » qui combine les deux dernières.
Après avoir choisi cette option dans les réglages, le téléphone basculera automatiquement entre la détection faciale et la reconnaissance de l’iris selon le contexte. La lecture faciale est tributaire de la luminosité, elle est aussi plus sommaire puisqu’elle s’appuie toujours sur une observation en 2D de votre visage, là où Face ID le décortique en 3D par des milliers de points projetés.
L’iris est plus efficace en basse ou en absence de lumière mais il faut porter le regard dans la zone supérieure de l’écran, ne pas trop bouger, éviter les lunettes et lentilles de contact. Ça marche quand même et c’est suffisamment fiable pour servir de sésame au paiement électronique.
Malheureusement, le problème avec ce nouveau mode qui en fusionne deux, c’est qu’à partir de l'instant où il inclut l’option faciale, il est disqualifié pour servir dans les situations les plus exigeantes comme le paiement électronique. Sachant que Samsung Pay n’est pas disponible dans tous les pays (on l’attend toujours en France, par exemple) ce n’est pas forcément rédhibitoire, mais ça témoigne d’une insuffisance.
Samsung ne s’en cache pas, dans sa vidéo de présentation des S9 pour l’entreprise, il précise que l’analyse intelligente est « moins sécurisé que la reconnaissance de l’iris seule » qui, elle, marche avec Samsung Pay. En résumé, l’addition de ces deux méthodes ne donne pas un meilleur résultat que la plus efficace des deux.
Le capteur d’empreintes rempile et reste le patron, le moyen le plus sûr de vérifier son identité dans tous les cas de figures. Face ID trace une ligne plus droite : on l’utilisera aussi bien pour déverrouiller son téléphone que pour ouvrir une application protégée ou faire ses courses en boutiques comme sur le web. De jour comme de nuit.
C’est le reflet de deux approches. Suffisamment confiante dans ses développements, Apple a tout parié sur Face ID, allant jusqu’à brûler les ponts avec Touch ID qui fonctionnait très bien et dont personne ne se plaignait vraiment 1.
Samsung, pris de court, doit composer avec ce qu’il a dans sa vieille caisse à outils, à défaut de mieux. Le scanner de l’iris des S9 est décrit comme moins susceptible de se faire gruger et pouvant fonctionner d’un peu plus loin, tandis que les commentateurs ont tous loué la position plus pratique du capteur d’empreintes au dos. C’est bien mais ça pèse tout de même peu sur la balance du progrès technologique.
Il n’est pas assuré que le prochain Galaxy Note changera la donne. Ming-Chi Kuo évoquait l’intégration d’un capteur d’empreintes sous l’écran pour le Galaxy Note de cette année. Le patron de Samsung Electronics n’a pas semblé démentir mais il attend que la technologie soit au niveau de ses attentes.
En définitive, de l’iPhone X, l’élément distinctif le plus simple à reprendre par la concurrence a été l’encoche. Pour Face ID ce sera une autre paire de manches puisqu’il faut imbriquer du matériel pointu avec un logiciel performant, et tasser le tout bien au fond du système pour que celui-ci ainsi que toutes les applications en profitent de façon transparente.
Samsung a certainement les capacités d’y parvenir, mais quand ? Citons aussi Google, qui peut adapter Android à loisir. Qualcomm et d’autres peuvent leur prêter assistance. Sans oublier qu’en ayant lancé ses capteurs TrueDepth à grande échelle, Apple va contribuer à la banalisation progressive de ces composants, comme Touch ID a participé à remettre en selle et à démocratiser les capteurs d’empreintes.
Mais une comparaison équitable entre Face ID et n’importe lequel de ses futurs challengers ne vaudra que si trois critères sont réunis : une fiabilité égale ou supérieure ; une intégration aussi bonne que dans iOS ; et la capacité à le proposer au plus grand monde grâce à des volumes de vente importants partout dans le monde (lire aussi Les Pixel de Google ne sont pas encore un succès écrasant). Sinon ce ne sera que bavardages et gesticulations.
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Ce qui ne veut pas dire que Face ID est la solution idéale aux problématiques de biométrie. Ça marche bien, il y a quelque chose d’indéniablement magique dans son utilisation mais ce système introduit ses propres contraintes, certaines inhérentes à son principe, d’autres qui seront peut-être effacées ou lissées au fil du temps (lire Phone X : le retest & Appel à témoins : utilisateurs d'iPhone X, que pensez-vous de Face ID ?). ↩︎
Source : Samsung