Le Mi Mix de Xiaomi a surpris lors de son annonce par les dimensions de son écran. Pour sa diagonale de 6,4", un peu, par sa capacité à occuper pratiquement toute la surface du téléphone, surtout.
L’écran ne déborde pas, comme sur les Samsung, mais il s’étend jusqu’en haut du sommet, tandis que la partie inférieure est réduite quasiment à peau de chagrin. Xiaomi présente ce produit comme un “concept phone”, mais le fabricant chinois le commercialise tout de même. Et à un prix qui ne choque pas tant que ça, l’équivalent de 516$. Par contre, il ne sera certainement pas disponible en grandes quantités, il n’est vendu qu’en Chine et sa 4G est incompatible avec celles des États-Unis par exemple. C’est en quelque sorte un produit d’exception et de niche.
Design
Bon point tout d’abord pour le design qui impressionne, il a été confié à Starck. Xiaomi a supprimé la bande supérieure de la façade et relogé la caméra et le capteur de luminosité tout en bas. Le capteur de proximité à infrarouge, commun à tous les téléphones, (celui qui éteint l’écran lorsque vous portez le combiné à l’oreille) a été supprimé. Il est remplacé par une technologie ultrasons installée dans le téléphone, derrière l’écran.
Retiré également, le haut parleur : le son est émis depuis l’intérieur du Mi Mix, transmis sous la forme de vibrations que l’oreille traduit par des sons intelligibles. C’est malin mais le son est moins localisé qu’avec un haut-parleur. Par conséquent, dans une pièce calme, quelqu’un près de vous peut saisir les propos de votre interlocuteur.
Si l’on pousse le volume au maximum, cela fait même vibrer le téléphone contre l’oreille, à la manière d’un retour haptique. Mais il n’a jamais été nécessaire de pousser le son si haut, tempère le testeur. Et accessoirement, ceux qui ne téléphonent plus beaucoup ne perdent rien dans la disparition de ce haut-parleur (Apple pour sa part s’en sert comme second haut parleur dans l’iPhone 7 pour créer un semblant de stéréo et booster le volume sonore de la musique et des jeux). Quant au lecteur d’empreintes, il est placé au dos, comme beaucoup de smartphones Android.
La caméra frontale a déménagé dans le coin inférieur droit. Pas génial pour les angles de vue lorsqu’on veut prendre des selfies ou discuter par chat. Xiaomi a résolu le problème en demandant à l’utilisateur de tourner le téléphone, la caméra se retrouve alors en haut et l’interface pivote dans la foulée.
Grande dalle
L’écran géant de 6,4" offre un ratio de 17:9, que Xiaomi assimile toutefois à un classique 16:9 en considérant les boutons de navigation virtuels. La définition est de 2040×1080 et l’affichage suit l’arrondi des coins supérieurs. L’absence de bordure réduit mécaniquement l’encombrement général mais on est dans les eaux d’un Nexus 6, qui était lui-même un imposant téléphone.
La tenue en main n’est pas mauvaise, écrit Ars Technica, la détection des paumes aussi, sauf dans la partie supérieure de l’écran où elle est absente. Ce qui peut gêner parfois lorsqu’on tient le téléphone en mode paysage.
Autre petite prouesse, le châssis du téléphone est fait en céramique, les tranches comme l’arrière. Le toucher ressemble à du verre mais il devrait moins se rayer. Par contre, les chutes risquent d’être plus dangereuses pour l’appareil, notamment dans les angles de l’écran.
Logiciel et photo
Le site est beaucoup plus critique sur la partie logicielle d’abord. Xiaomi n’utilise pas le dernier Android “Nougat” qui sait tirer parti des grands écrans (avec du split screen). Des fonctions pratiques sont désactivées, comme l’auto-unlock et ses différents scénarios de déclenchement (vous êtes géolocalisé chez vous, pas besoin alors que le téléphone se verrouille systématiquement). Cela oblige à utiliser plus que de raison le lecteur d’empreintes au dos. La surcouche de Xiaomi a également plusieurs inconvénients fonctionnels détaillés dans le test. Enfin, l’interface est agrandie, elle n’en donne pas plus à voir que sur des téléphones aux écrans plus petits, tout est simplement affiché plus gros.
Autre motif de déception, l’appareil photo de 16 mpx est décrit comme assez mauvais en basses lumières (photos sombres) et passable avec un meilleur éclairage. On est loin des concurrents. S’agissant des performances de l’appareil, elles sont bonnes tout comme l’autonomie (la batterie est de 4400 mAh). Face à tous les champions du moment, le Mi Mix l’emporte facilement, juste devant l’iPhone 7 Plus pas beaucoup plus gourmand.
Déséquilibre
En résumé, Ars Technica loue le design de l’appareil, les idées trouvées pour compenser la suppression de certains composants ou leur réagencement. Le téléphone est beau, original (Xiaomi a plutôt la réputation de copier à tout va et Apple en particulier) et il dessine peut-être une piste pour l’avenir des smartphones en général.
Mais il est aussi handicapé par un appareil photo médiocre, un sentiment de fragilité et des insuffisances logicielles. C’est ce qu’il faut garder à l’esprit lorsque des téléphones sont annoncés avec des nouveautés qui sortent des sentiers battus et semblent dépasser tout ce qui se fait chez les Apple ou Samsung.
On peut être magnifique en photos et sur le papier, mais il faut que le reste suive, qu’un équilibre soit maintenu. Rien ne sert d’avoir un écran stupéfiant si un outil aussi courant et utilisé que l’appareil photo est au niveau de mauvais téléphones. Tout est question d’homogénéité, il faut aller de l’avant sans oublier d’entrainer le reste derrière soi.