Google n'a cessé de le marteler : les Pixel ont été développés en interne, le rôle de HTC se limitant à la production des appareils proprement dite. Mais cela pourrait n'être qu'une partie de la vérité. Certes, HTC s'est contenté de ne poser sa marque que sur la batterie des smartphones, comme l'a démontré le démontage du XL réalisé par iFixit. Ars Technica a déroulé l'historique de conception des premiers « vrais » smartphones de Google, et il semble bien que ce soit d'abord et avant tout des terminaux HTC légèrement retouchés.
Au départ, Google devait travailler avec Huawei pour créer ces nouveaux appareils ; les deux partenaires avaient déjà planché ensemble sur le Nexus 6P. Le moteur de recherche a commencé à évoquer le sujet dès le lancement des derniers Nexus, en septembre dernier. Mais les discussions ont achoppé quand Google a voulu reléguer le rôle de Huawei à celui d’un simple manufacturier, à la manière de Foxconn pour Apple.
C’est en février 2016, soit huit mois seulement avant le lancement des Pixel, que Google s’est donc tourné vers HTC avec la même exigence. Le constructeur de Taïwan, dont les finances ne sont pas brillantes, a non seulement accepté, mais il a aussi largement ouvert les pages de son catalogue à Google. Pris par le temps, et alors que le développement d’un smartphone demande du temps — en particulier quand on a l’ambition de repartir de zéro —, le moteur de recherche se serait fortement reposé sur l’expérience de son partenaire et sur d’anciens produits pour imaginer le Pixel.
Et si le Pixel ressemble beaucoup à l’iPhone, c’est parce que l’inspiration derrière ce produit n’est autre que le One A9… un clone d’iPhone, bien qu’on puisse ergoter sur le fait qu’Apple se soit inspiré du One M7 pour l’iPhone 6. Quoi qu’il en soit, il est indéniable que l’A9 et le Pixel partagent plus qu’un air de famille :
Outre l’aspect extérieur, HTC a aussi participé au développement logiciel. Des ingénieurs du constructeur ont produit plus de 350 commits, et ils ont participé au bootchain de l’appareil. Le chercheur en sécurité Jon Sawyer indique même qu’il s’agit d’une procédure « standard HTC développée et signée HTC ».
Google n’aurait pas eu d’autre choix que de se reposer beaucoup sur son partenaire : le moteur de recherche n’a eu qu’une poignée de mois pour concevoir et produire deux smartphones censés représenter une toute nouvelle étape pour Android. Voilà qui expliquerait d’ailleurs assez bien pourquoi les Pixel et Pixel XL ont cet air un peu banal. Comme l’écrit Ars, les Pixel ne montrent pas le meilleur de Google, mais seulement « le meilleur que peut accomplir Google dans un temps limité ». La prochaine génération va certainement bénéficier de plus de temps de développement, et alors on pourra vraiment parler de « Google Phone ».