Google aurait suspendu le développement d’ARA, son smartphone modulaire, a appris Reuters sur la foi de deux sources.
ARA, c’est cette idée d’un téléphone dont on peut améliorer ou changer les possibilités au moyen de modules aimantés. Vous avez besoin d’un meilleur appareil photo, de capacités sonores accrues, d’un écran plus performant ou plus économe, d’une batterie plus généreuse ? Remplacez ou ajoutez un module.
Au fil du temps, l’équipe ATAP en charge de ce projet avait réduit la voilure sur cette modularité. L’élément de stockage, la RAM et son processeur allaient être intégrés au squelette de base.
ARA semble faire les frais d’une réorganisation de l’activité de développement des matériels chez Google, il n’y a pas eu d’explications détaillées. Mais le concept même d’ARA pouvait être sujet à questions.
Sur le principe, l’idée est séduisante, voilà un téléphone que l’on peut améliorer au fil du temps sans être obligé d’en changer trop souvent. Un téléphone dont les fonctions peuvent être aussi ajustées en fonction de besoins ponctuels.
Reste que les prototypes montrés jusque là n’étaient guère séduisants. Il faut aussi considérer le coût final de ces hypothétiques modules. Ensuite, arriver à fédérer des fabricants pour en concevoir de toutes sortes et sur le long terme peut être un challenge. Autre écueil possible, une fois que vous avez déterminé les mensurations du squelette pour ce téléphone, comment le faites-vous évoluer au bout de 2 ou 3 ans sans casser la compatibilité physique avec les modules et ainsi renier la philosophie du produit ?
Moins ambitieux qu’ARA, le LG G5 sorti cette année est un autre exemple de smartphone modulaire, mais le concept n’a pas accroché auprès des clients (lire Original, le LG G5 s’est planté, classique, le Galaxy S7 a cartonné). Quant aux rares extensions matérielles disponibles, elles coûtent autour de 150 €. Motorola a pris le même chemin, avec son Moto Z. Le principe est un peu plus classique, on peut aimanter des modules au dos du téléphone : haut-parleur, batterie et l’inévitable pico-projecteur.
D’après l’une des sources de Reuters, Google n’entend donc pas commercialiser le fruit des développements d’ARA. Initialement il devait le faire en 2017 et fournir un kit de développement matériel dans les prochaines semaines. Il pourrait en revanche vendre les licences de sa technologie. Autant dire que cela n’invite pas à l’optimisme.
Mise à jour — Google a confirmé la « suspension » du projet Ara après trois années de développement.