Google a toutes les raisons de se méfier des bloqueurs de publicité. Après tout, le moteur de recherche tire la majeure partie de ses revenus de l'affichage publicitaire, ce qui lui a d'ailleurs permis de passer brièvement devant Apple en termes de capitalisation boursière (lire : Alphabet : de très bons résultats en 2015, toujours grâce à Google). On imagine donc que Google surveille comme le lait sur le feu cette initiative lancée récemment par Samsung, qui autorise les développeurs à intégrer des plug-ins de blocage de contenus pour le navigateur web de ses smartphones, Samsung Internet.
Plusieurs éditeurs se sont engouffrés dans la brèche, en proposant leurs premiers plug-ins, mais il y en a au moins un qui a subi le courroux de Google : Adblock Fast. Ce bloqueur de contenus gratuit et open source a été retiré du Play Store par Google. Le logiciel, apparu le 29 janvier, a été supprimé des rayons de la boutique deux jours plus tard.
Pour expliquer son geste, Google a brandi la section 4.4 de l'accord de distribution des développeurs Android, indiquant qu'il est interdit de proposer des applications pouvant interférer avec « les appareils, serveurs, réseaux, ou n'importe quels autres propriétés ou services de tierces parties, incluant (…) les utilisateurs Android, Google, ou un opérateur mobile ». Des termes suffisamment vagues pour permettre au moteur de recherche de frapper comme il l'entend.
Brian Kennish, le CEO de Rockship Apps, l'éditeur du bloqueur en question, a indiqué qu'il pourra soumettre de nouveau Adblock Fast, mais une fois l'app modifiée de telle manière à respecter le contrat avec Google. De la poignée d'applications du même genre disponibles sur le Play Store, seul Adblock Fast a été supprimé : c'est sans doute parce qu'il était bien noté et qu'il gravissait le classement très rapidement, soupçonne Kennish.
Google devrait cependant continuer d'accepter les navigateurs alternatifs qui embarquent des fonctions de blocage de contenus, ainsi que les extensions de blocage pour les butineurs tiers seulement s'ils ne sont pas distribuées sous la forme d'applications (APK) téléchargeables sur le Play Store.