Demain, Google I/O ouvrira ses portes à San Francisco. La « WWDC » du moteur de recherche sera l'occasion pour la société de déballer toutes ses nouveautés concernant Android, Chrome, Android Wear, Android TV et bien d'autres solutions qui occuperont les développeurs pendant un an (et, pour certaines, marcher sur les platebandes d'Apple). Sundar Pichai, le grand manitou en charge d'Android et de Chrome, qui a repris le poste d'Andy Rubin parti s'occuper de la division « robots » de Google, fait monter la sauce en cette veille de l'événement.
Dans une interview à Businessweek, il revient sur la rivalité avec Apple, qu'il décrit ainsi : « Je pense que c'est un peu comme deux types de gouvernements. Certains gouvernements seront capables de faire les choses plus rapidement parce que leurs opinions bien arrêtées font avancer les choses. Et puis vous avez une démocratie bruyante, cacophonique, revêche, qui est souvent meilleure sur le long terme ». On laissera au lecteur deviner, dans ce schéma, où se placent Apple et Google.
Google v Apple
Pichai est également revenu sur les deux principales accusations d'Apple concernant Android; la première est la fragmentation de la plateforme. Un argument balayé du revers de la main par le pilier de Google : « Nous livrons une mise à jour de Google Play Services toutes les six semaines». Ces services sont une couche de la plateforme gérée en direct par Google et qui permet au moteur de recherche de mettre à jour ses applications sans en passer par la validation des constructeurs et des opérateurs. « Typiquement, 90% des utilisateurs utilisent cette nouvelle version. D'une certaine façon, nous proposons des mises à niveau de la plateforme plus rapidement que n'importe qui tout en fournissant aux développeurs un environnement de développement cohérent ».
L'autre argument que Tim Cook ne se prive pas de resservir (ça a été le cas à la WWDC, où il a décrit Android comme un « ragoût d'enfer toxique de vulnérabilités ») : la prolifération des malwares. Pichai lui répond, sans trop convaincre toutefois, que « Android a été conçu dès le départ pour être très, très sécurisé. L'histoire nous apprend aussi que les malwares ciblent les systèmes d'exploitation les plus populaires ». Il reprend : « Est-ce que nous prenons la sécurité au sérieux ? Oui. Nous détectons les malwares [dans le Play Store] ».
Sundar Pichai n'allait pas manquer de tacler Apple concernant le récent keynote de la WWDC où l'entreprise a donné des gages d'ouvertures tout en multipliant les nouveautés (ce que les développeurs ont par ailleurs apprécié).
Apple a annoncé beaucoup de super choses durant leur keynote. Ils ont aussi annoncé des choses que nous avons fait sur Android il y a quatre ou cinq ans, comme le support des claviers alternatifs, les notifications enrichies et les widgets. Tout cela est disponible sur Android depuis longtemps.
Tim Cook a aussi martelé que les switchers depuis Android vers iOS étaient nombreux. Une assertion mise en doute par Pichai : « Toutes les données dont je dispose me disent que les gens adoptent Android à un rythme plus rapide que n'importe quel autre système d'exploitation. (…) Est-ce que je m'inquiète [de ce qu'Apple] fait ? Oui. C'est une grande entreprise. Je pense qu'ils construisent un très bon produit verticalement intégré, ce qui les aide à accomplir des choses plus rapidement ».
Google v le reste du monde
Comment se portent les relations avec Samsung, que l'on devine tumultueuses en coulisses ? Le constructeur coréen a lancé avec Tizen sa propre plateforme logicielle. La menace n'effraie pas Sundar Pichai (lire : Samsung annonce enfin son premier smartphone Tizen): « Samsung a annoncé qu'ils allaient lancer des téléphones Tizen en Russie (…) C'est une grande entreprise, Google est une grande entreprise, et nous faisons des choses comme cela aussi… Nous devons bâtir le meilleur système d'exploitation ici. Je vois dans Tizen un choix que les gens peuvent avoir. Nous devons nous assurer de proposer avec Android un meilleur choix ».
Sundar Pichai laisse également entendre qu'il dévoilera un aperçu de la future version d'Android dont le petit nom pourrait bien être Lollipop (après KitKat). Android TV, le logiciel pour box TV et téléviseurs que la rumeur a présenté comme le remplaçant du mourant Google TV, a aussi été confirmé par Pichai (lire : Android TV : le successeur de Google TV met le contenu en avant). Google TV a représenté « un bon premier pas initial et a réalisé beaucoup de progrès ». Mais pas suffisamment pour imposer le moteur de recherche dans les foyers; c'est cependant grâce à Google TV que le Chromecast a pu être mis au point. Pichai estime que les constructeurs de téléviseurs n'auront pas le choix de laisser à Google le soin de gérer les services en ligne via Android TV : il va être en effet difficile pour les fabricants de créer une plateforme de contenus qui pourra fonctionner aussi bien sur leurs téléviseurs que sur leurs tablettes et smartphones. Il est vrai que Google dispose avec Android d'un argument concurrentiel que seuls Apple et Amazon peuvent lui disputer.
Amazon, en lançant il y a quelques jours son premier smartphone le Fire Phone, n'est pas une source de désagrément pour Google. Certes, le distributeur se sert d'Android comme base de Fire OS, mais « Android est une plateforme très ouverte. Nous ne nous occupons pas de savoir comment les gens s'en servent. Nous les encourageons à l'utiliser. Android a été conçu pour être flexible. Mais il faut que cela soit cohérent pour les développeurs. Nous adorerions voir Amazon se positionner plus en lien avec les versions open-source d'Android (…) mais l'innovation est bonne pour l'écosystème ». Au vu des premiers retours concernant le Fire Phone, Google n'a pas trop à craindre d'Amazon (lire : Fire Phone : le pari qu'Amazon pourrait ne pas tenir).