Mediatek n'est pas le plus connu des fabricants de systèmes sur puce, mais la société taiwanaise est pourtant un des concurrents principaux de Qualcomm dans le domaine. Et la puce Dimension 8400, annoncée récemment, est un peu particulière : elle abandonne le fonctionnement hybride qui est la norme dans les systèmes sur puce depuis une petite quinzaine d'années.
Depuis 2011 environ, la majorité des systèmes sur puce travaillent en effet avec deux types de cœurs pour le processeur. D'un côté des cœurs performants mais qui consomment beaucoup d'énergie, de l'autre des cœurs basse consommation qui ont des performances limitées mais suffisent pour les tâches de base. Depuis quelques années, il y a même parfois trois niveaux, avec des cœurs très rapides mais peu efficients (les cœurs Cortex X), des cœurs basse consommation et des cœurs intermédiaires qui offrent un compromis entre efficience et performances.
Dans le cas du Dimension 8400, Mediatek a choisi une orientation particulière : il possède huit cœurs de type Cortex A725, sous licence. C'est le cœur intermédiaire d'Arm, qui offre donc un bon compromis. Ce choix est atypique : si quelques puces d'entrée de gamme ne comportent parfois que des cœurs basse consommation, seul Apple avait pendant un temps équipé ses puces avec des cœurs performants uniquement, de l'A6 à l'A10.
Des compromis intéressants
Mediatek affirme que les optimisations permettent de réduire la consommation maximale de 44 % par rapport à son prédécesseur (le Dimension 8300) et que les performances sur plusieurs cœurs augmentent de 41 %, ce qui est assez logique. En effet, le Dimension 8300 était en configuration 4+4, avec quatre cœurs Cortex A715 (la génération précédente de cœurs intermédiaires) et quatre cœurs Cortex A510 (des cœurs basse consommation peu performants).
Nous pouvons supposer que les performances sur un seul cœur, importante dans des domaines comme la navigation sur Internet mais pas nécessairement dans les jeux, sont en retrait : le cœur intermédiaire d'Arm n'est pas un foudre de guerre dans ce domaine et les systèmes sur puce haut de gamme intègrent un cœur de type Cortex X précisément pour cette raison. Mais ce n'est pas nécessairement un problème pour Mediatek : la gamme 8000 cible le milieu de gamme, où les cœurs X sont absents, même chez ses concurrents. Il faut noter que les cœurs ne sont pas totalement identiques : quatre possèdent 256 ko de mémoire cache de niveau 2 (une valeur faible), trois intègrent 512 ko (une valeur classique) et le dernier possède 1 Mo de cache. Il y a donc probablement des optimisations pour les applications faiblement multithreadées.
Le point important va évidemment être la consommation, notamment dans les situations où le smartphone n'est pas utilisé. C'est en effet la raison d'être des cœurs basse consommation : permettre une bonne autonomie en veille, quand la tâche la plus importante va être de relever des emails ou recevoir des messages. On peut tout de même noter que Mediatek a eu la main lourde sur la mémoire cache, qui permet dans certains cas de réduire la consommation en évitant de faire appel à la mémoire vive directement : le Dimension possède 6 Mo de mémoire cache de niveau 3 et 5 Mo de cache système (SLC), partagés avec le GPU, contre seulement 4 Mo de cache de niveau 3 dans le Dimension 8300.
Enfin, comme Mediatek vise le milieu de gamme, l'intégration est poussée. Le système sur puce intègre un NPU de nouvelle génération, un modem 5G et un GPU Mali-G720 avec sept cœurs, contre six cœurs dans le Dimension 8300. Dans tous les cas, la solution de Mediatek a le mérite d'être originale (ou atypique, selon votre point de vue) et pourrait intéresser de nombreux fabricants, plus enclins à mettre en avant des performances élevées qu'un compromis entre résultats dans les benchmarks et autonomie en veille...