Il y a 30 ans, le 16 août 1994, IBM commercialisait ce qui est devenu avec le recul le premier smartphone, le Simon. Cet appareil était très innovant pour l'époque, mais certains points peuvent faire sourire en 2024, comme le poids (510 grammes) ou l'épaisseur (38 mm).
Le Simon était avant tout un téléphone, capable de se connecter au réseau AMPS (Advanced Mobile Phone System) de BellSouth Cellular. Ce réseau de première génération était en partie analogique, et n'offrait évidemment pas les fonctions de la 5G actuelle, mais il suffisait pour passer des appels. Il ne pouvait pas surfer sur Internet au sens ou nous l'entendons actuellement, mais la connexion permettait une liaison à 2 400 bauds pour des emails, et il était possible d'envoyer et recevoir des fax. Un récepteur en option offrait aussi la possibilité d'utiliser le Simon comme pager1.
L'écran tactile monochrome de 114 x 36 mm était intéressant pour l'époque, malgré sa définition limitée (160 × 293) et son format très allongé. Le système d'exploitation, une surcouche du DOS de l'époque, offrait les fonctions de base d'un smartphone moderne : la possibilité de gérer les appels, un carnet d'adresses, une calculatrice, une application de prise de notes, etc. Il était doté d'un clavier tactile mais l'interface se basait comme souvent à l'époque sur une couche tactile résistive couplée à un stylet. Il était même possible de le synchroniser avec un PC, via une connexion série.
L'appareil était donc assez imposant (200 x 64 x 38 mm) et lourd, mais surtout très cher : 1 100 $ au lancement (l'équivalent de 2 350 $ actuels) sans abonnement, 900 $ avec un contrat de deux ans. Commercialisé pendant six mois, le Simon aurait trouvé environ 50 000 acquéreurs, ce qui reste honorable pour l'époque.
Un PC camouflé
Le Simon, de façon étonnante, est essentiellement un PC de l'époque. Le système sur puce Vadem VG230 intégrait un processeur x86 et un contrôleur vidéo compatible avec la norme CGA. Il comprenait tout le nécessaire pour un PC et l'OS, nous l'avons vu, était une variante de DOS intégrée en ROM avec une surcouche maison. Le cœur x86 choisi venait de chez NEC, avec une variante basse consommation du V30, qui était un clone du 8086 d'Intel. Ce n'était évidemment pas un foudre de guerre à l'époque : même à 16 MHz, un 8086 restait bien loin des 486 et autres Pentium de l'époque. Même chose pour la mémoire, il n'intégrait que 1 Mo de RAM (une limite du 8086) et 1 Mo de mémoire flash. Cette mémoire pouvait être étendue avec des cartes mémoire de type PCMCIA, et l'emplacement pouvait aussi servir à ajouter des accessoires.
Enfin, il faut noter que si le Simon est rétrospectivement et généralement considéré comme le premier smartphone commercialisé, le mot n'existait pas encore. Il a été employé pour la première fois par Ericsson en 1997 avec le GS 88… qui n'a jamais été commercialisé.
-
Avez-vous eu un Tatoo ? ↩︎
Source : Image d'ouverture : Mon carnet