Depuis quelques années maintenant, les smartphones, tablettes et autres objets connectés d'Huawei fonctionnent sous HarmonyOS, un système d'exploitation développé par Huawei pour contourner les sanctions américaines. Jusqu'à maintenant, HarmonyOS dans sa version pour les smartphones et les tablettes offrait une compatibilité avec les applications Android, mais ça pourrait évoluer : lors de son grand raout à la gloire de ses produits (HDC, pour Huawei Developer Conference, l'équivalent de la WWDC d'Apple), la société a présenté HarmonyOS Next.
HarmonyOS est parfois compliqué à appréhender, dans le sens où le système d'exploitation emploie différents noyaux selon les appareils ciblés. Dans les smartphones et les tablettes, il passe par un noyau Linux et ajoute les bibliothèques nécessaires à l'exécution des applications Android, issues du projet AOSP (Android Open Source Project). Elles sont présentes en parallèle de celles qui permettent de lancer des applications natives, c'est-à-dire pensées pour HarmonyOS, mais ne permettent pas d'employer les API de Google, remplacées par les services mobiles d'Huawei (Huawei Mobile Services). Ces derniers doivent effectuer les mêmes tâches de façon plus ou moins transparentes, mais les développeurs passent logiquement majoritairement par les services de Google pour les applications Android.
HarmonyOS Next, sans Android
HarmonyOS Next, annoncé à la conférence et qui devrait être disponible pour tous les développeurs en 2024 et pour quelques privilégiés dès maintenant, abandonne totalement Android. Il va garder la même interface graphique et la compatibilité avec les applications natives HarmonyOS, mais sans tout le code issu du projet AOSP. La conséquence directe, évidemment, est une absence de compatibilité avec les applications Android. Il n'est pas certain que cette version remplacera directement la version actuelle, ne serait-ce que parce qu'Huawei a annoncé HarmonyOS 4.0 à sa conférence.
Il y a évidemment une double question derrière ce changement : comment réagiront les utilisateurs et comment réagiront les développeurs ? Les premiers ont probablement déjà l'habitude d'avoir une compatibilité partielle et peuvent se passer des outils de Google ou même des applications Android. Pour les seconds, c'est un peu plus compliqué : adapter une application Android pensée pour les outils de Google pour qu'elle fonctionne avec les outils d'Huawei demande moins de travail que de tout réécrire pour profiter d'HarmonyOS. Et HuaweiCentral l'explique bien : les applications natives sont rares sur AppGallery, le magasin d'applications d'Huawei. Reste à voir si le fait de supprimer la compatibilité Android va forcer les développeurs à passer à HarmonyOS et pas à abandonner la plateforme…