Apple défend le chiffrement de bout en bout. Le gouvernement britannique prépare depuis quelques années une loi baptisée Online Safety Bill, qui veut forcer les messageries chiffrées à analyser les messages à la recherche de matériel pédopornographique. Sans surprise, Apple a confirmé à la BBC être farouchement opposée à cette mesure.
Le chiffrement de bout en bout empêche quiconque de consulter les messages d'une conversation : mis à part l'envoyeur et le destinataire, personne ne peut lire les échanges, pas même les plateformes. Pour Apple, cette sécurité « est une capacité essentielle qui protège la vie privée des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme et des diplomates », à laquelle il ne faut surtout pas toucher.
Cupertino explique que la technologie aide également les citoyens à se défendre contre la surveillance, l'usurpation d'identité, la fraude et les violations de données. Apple demande instamment au gouvernement d'amender le projet de loi afin « de protéger un chiffrement de bout en bout fort, ce qui est dans l'intérêt de tous ».
Le gouvernement britannique ne partage pas cette vision, et avance que les plateformes devraient être en mesure d'analyser des messages chiffrés à la recherche de contenus pédopornographique. « Le chiffrement de bout en bout ne doit pas entraver les efforts déployés pour arrêter les auteurs des crimes les plus graves », a déclaré un porte-parole du gouvernement au Guardian. Apple a tenté de lancer un système examinant les images stockées dans la bibliothèque photo par le passé, mais l'a finalement mis au placard face à la levée de boucliers générale.
Apple repousse ses mesures controversées de lutte contre la pédopornographie
L'annonce d'Apple est faite alors que les défenseurs des droits et les experts s'activent contre le projet. Une lettre ouverte de l'association The Open Rights Group à destination du gouvernement a été signée par plus de 80 experts et autres organisations. Il y est écrit que la proposition « représente un risque important pour la sécurité des services de communication numérique, non seulement au Royaume-Uni, mais aussi à l'échelle internationale ».
Plusieurs entreprises ont d'ores et déjà annoncé qu'elles ne réduiraient pas la sécurité de leurs plateformes pour satisfaire le gouvernement britannique. En février, Signal a déclaré qu'elle cesserait son activité au Royaume-Uni si jamais on lui forçait la main. De son côté, WhatsApp a rappelé que 98 % de ses utilisateurs se trouvaient en dehors du pays : ceux-ci « ne veulent pas que nous réduisions la sécurité de notre produit », a expliqué le directeur de WhatsApp au Guardian. « Il serait étrange que nous choisissions de réduire la sécurité de notre produit d'une manière qui affecterait ces 98 % d'utilisateurs ».
Cupertino s'ajoute désormais à cette liste, avec son service iMessage faisant partie des messageries les plus utilisées au monde. La loi est en cours d'étude et devrait être passée dans le courant de l'été, même si des modifications pourraient être apportées selon la BBC. Par le passé, le Royaume-Uni a déjà essayé de s'attaquer au chiffrement de bout en bout : un projet de loi a été déposé en 2015, tandis que le service de renseignements britannique demandait un « accès exceptionnel » en 2020.