Le gouvernement chinois veut un encadrement plus strict des services comme AirDrop. Cet outil à courte portée échappant à la censure a notamment été utilisé pour diffuser des tracts anti-gouvernements pendant les manifestations de 2019-2020 à Hong Kong, ou encore pour critiquer la politique 0 Covid de Xi Jinping. Fin 2022, Apple a mis fin à cette utilisation en bridant AirDrop en Chine, puis dans le reste du monde : la réception d'images provenant d'inconnus est désactivée par défaut et limitée à 10 minutes.
Malgré cette limitation, le Parti communiste veut aller plus loin. Le Wall Street Journal révèle que le régulateur chinois en charge de la surveillance d'internet a publié un projet de loi, actuellement en phase de consultation. Il prévoit de limiter l'utilisation des fonctions de partage de fichiers sans fil (via Bluetooth sur Android ou par AirDrop) pour des raisons de « sécurité nationale ». Le projet, rédigé en mandarin, ne mentionne pas explicitement le nom d'AirDrop ou de ses concurrents.
Plus précisément, il est proposé que les technologies pouvant « mobiliser l'opinion publique ou celle de la société » fassent l'objet d'une évaluation de sécurité. Les utilisateurs de telles fonctionnalités devraient enregistrer leur identité auprès des fournisseurs de services. De leur côté, les plateformes auraient obligation de garder les documents pertinents et de signaler toute découverte d'informations « illégales ou nuisibles » au régulateur.
Le gouvernement demande également à ce que la réception de fichiers soit désactivée de base, et à ce que les aperçus et vignettes soient désactivables par l'utilisateur. Le but est d'ici d'éviter la réception surprise d'images à caractère sexuel non désirées, ce qui tombe plutôt bien étant donné qu'Apple a prévu de flouter les images de ce type dans iOS 17. Reste à voir comment le projet prendra forme dans iOS, et à quelle vitesse il arrivera. Rappelons qu'Apple a l'habitude de céder aux demandes du gouvernement chinois, même si cela va contre les valeurs qu'elle promeut dans le reste du monde.