Donald Trump a ajouté hier soir un nouvel épisode à la saga TikTok, par l'entremise d'un ordre exécutif qui interdit à un individu américain ou à une entreprise américaine de réaliser la moindre transaction avec ByteDance, propriétaire du réseau social. Le président américain, qui avait annoncé son intention de bannir TikTok des États-Unis en fin de semaine dernière, donne toutefois un délai de 45 jours avant que cet ordre ne soit mis en œuvre. De quoi laisser du temps à Microsoft (ou une autre entreprise) pour boucler des négociations que l'hôte de la Maison Blanche espère profitables pour les finances publiques américaines.
D'après le texte de l'executive order, la collecte de données de TikTok est une menace pour la sécurité nationale, car elle permet au « Parti communiste chinois d'accéder aux informations personnelles des Américains, permettant potentiellement à la Chine de connaitre la localisation d'employés fédéraux, de bâtir des dossiers d'informations personnelles à des fins de chantage, et de conduire des opérations d'espionnage d'entreprise ». Une plongée dans le code de l'app indique que la collecte de données pratiquée par TikTok n'est pas pire que celle de Facebook ou d'un quelconque réseau social américain.
Dans un communiqué, TikTok a répondu à Donald Trump. Le réseau social explique avoir tenté de discuter de bonne foi depuis un an avec le gouvernement américain sur une solution qui répondrait aux craintes de la Maison Blanche. « Ce que nous avons obtenu à la place, c'est une Administration qui n'a prêté aucune attention aux faits, et qui a dicté les termes d'un accord sans passer par les procédures juridiques standard et essayé de s'insérer dans des négociations entre entreprises privées ».
TikTok relève aussi que les soupçons de Donald Trump ne reposent sur rien de concret ni aucune preuve. « Nous avons clairement indiqué que TikTok n'a jamais partagé de données d'utilisateurs avec le gouvernement chinois, ni censuré de contenus à sa demande (…) Nous avons même exprimé notre volonté d'une vente complète de l'activité américaine à une société américaine ». L'application, utilisée par plus de cent millions d'Américains, n'exclut pas de porter l'affaire en justice.
Donald Trump ne s'est pas arrêté à TikTok. Il a signé un second ordre, cette fois visant WeChat. Là aussi, l'application a 45 jours pour trouver une solution avant de se voir interdire de transactions avec un individu ou une entreprise américaine. La messagerie instantanée est un mastodonte du secteur qu'il sera très difficile de découper en tranches régionales, au contraire de TikTok.
Il est donc possible qu'au terme du délai de grâce, WeChat soit purement et simplement interdit aux États-Unis, laissant sur le carreau des millions d'utilisateurs américains qui s'en servent pour discuter avec leurs proches restés en Chine. WeChat est la propriété du groupe chinois Tencent, qui possède des participations plus ou moins importantes chez Epic Games (Fortnite), Reddit, Spotify, Riot Games, etc. Selon un officiel de la Maison Blanche, les entreprises américaines de Tencent ne sont pas la cible de l'ordre exécutif.