Plusieurs articles parus dans la presse asiatique ces jours-ci Ă©voquent la volontĂ© dâApple de moins dĂ©pendre de la Chine pour la production de ses produits. Entre les tensions sino-amĂ©ricaines et la pandĂ©mie du COVID-19, les dirigeants dâApple ont bien compris quâil Ă©tait important de ne pas mettre tous les oeufs dans le mĂȘme panier. Lâintention nâest pas nouvelle, le Nikkei affirmait en juin dernier quâApple cherchait Ă dĂ©localiser 15 Ă 30 % de sa production hors de Chine.
Outre le Vietnam, Apple semble vouloir se tourner vers l'Inde. EeTech rapporte que plusieurs meetings ont eu lieu ces derniers mois entre les dirigeants d'Apple et le gouvernement indien pour passer à la vitesse supérieure dans ce domaine. L'objectif est particuliÚrement ambitieux : déplacer d'ici cinq ans jusqu'à 20 % de la production faite en Chine vers l'Inde. Un membre du gouvernement indien a déclaré qu'Apple pourrait ainsi produire pour plus de 40 milliards de dollars de smartphones. La plupart de cette production serait pour l'export, ce qui au passage ferait d'Apple le plus grand exportateur du pays.
Cette problĂ©matique nâest pas propre Ă Apple. De nombreuses entreprises y travaillent depuis des annĂ©es, mais lâactualitĂ© rĂ©cente va sans doute les pousser Ă accĂ©lĂ©rer quelque peu leurs plans. Dâautre part, si Apple cherche encore et toujours Ă diversifier sa production, elle ne cherche pas pour autant Ă faire ses valises de lâempire du Milieu. Tout est une question dâĂ©quilibre.
Cette semaine, le mĂȘme Nikkei rapporte quâApple fait pour la premiĂšre fois fabriquer des AirPods au Vietnam depuis le mois de mars. On Ă©voque 3 Ă 4 millions dâunitĂ©s, soit environ 30 % de la production totale dâAirPods prĂ©vue pour ce trimestre. Cette diversification est intervenue Ă contre temps selon le journal japonais. Quand les Ătats-Unis et la Chine ont signĂ© le premier volet de leur accord commercial en janvier, Apple avait alors promis de retarder ses plans de diversification, mais la crise sanitaire en a dĂ©cidĂ© autrement.
Un peu plus tĂŽt dans la semaine, câest Digitimes qui Ă©voquait un important sous-traitant dâApple spĂ©cialisĂ© dans la fabrication de chĂąssis, qui cherchait Ă diversifier sa production en Asie du Sud Est. La sociĂ©tĂ© en question chercherait mĂȘme Ă vendre ses usines localisĂ©es en Chine.
Tim Cook est assez peu bavard sur le sujet (lire : Ce que la crise du Covid-19 a changĂ© chez Apple). Lors de la publication des rĂ©sultats trimestriels dâApple, il sâĂ©tait fĂ©licitĂ© que la chaine d'approvisionnement dâApple Ă©tait redevenue opĂ©rationnelle trĂšs rapidement. InterrogĂ© sur les changements Ă apporter, Tim Cook sâĂ©tait montrĂ© beaucoup plus discret :
Par conséquent je suis satisfait de ce que l'on a. Cela dit, nous examinons toujours des évolutions possibles, mais ce n'est pas quelque chose dont nous parlons, nous les considérons comme des informations confidentielles et concurrentielles. Une fois que nous serons complÚtement sortis de cette situation, nous regarderons ce que nous en avons appris et ce que nous devons changer.
En off, le discours est plus tranchĂ©. LâannĂ©e derniĂšre, un cadre dâApple sous couvert dâanonymat dĂ©clarait au Nikkei : « Un taux de natalitĂ© plus bas, des coĂ»ts de main-dâĆuvre plus Ă©levĂ©s et le risque de centraliser excessivement la production dans un seul pays : cela ne mĂšne Ă rien ». LâactualitĂ© rĂ©cente lui a donnĂ© raison.