Face à la propagation du coronavirus, le gouvernement planche sur une application de traçage des personnes positives au virus. Intitulée StopCovid, l'application aura pour objectif d'avertir les utilisateurs si ceux-ci entrent en contact avec des personnes contaminées. Pour mettre au point cet outil, le gouvernement s'est tourné vers l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria). Dans une longue note, Bruno Sportisse, le PDG de l'Institut, apporte des précisions sur cette application.
Annoncé le 8 avril dernier, StopCovid est depuis dans les fourneaux du gouvernement. Les équipes d’Inria et leurs partenaires ont partagé sur Github le protocole ROBERT (pour ROBust and privacy-presERving proximity Tracing, ça ne s'invente pas) qui pourrait constituer l'ossature technique de l'application. De nombreux pays ont d'ores et déjà recours aux outils numériques permettant de retracer le cheminement des personnes contaminées par le virus. En France, l'objectif est de mettre sur pied une application « respectueuse des valeurs européennes ».
Pour ce faire, StopCovid « n’utilisera que le bluetooth et en aucun cas les données de bornage GSM ni de géolocalisation » indique la note. À l'Inria on parle alors davantage d'une application de « proximity tracing ». Totalement anonyme, l'application ne permet à quiconque, pas même à l'État, d'accéder à la liste des personnes diagnostiquées positives ou à la liste des interactions sociales entre les utilisateurs. L'emploi de « crypto-identifiants » permet de conserver la pleine confidentialité des apps, explique Bruno Sportisse.
Des données pseudonymisées, en général générées de manière éphémère, seront utilisées pour différencier les personnes. « Dans le smartphone de mon voisin, il n’y a aucune donnée concernant mon diagnostic médical, aussi encrypté soit-il. Il y a une liste des crypto-identifiants de tous les smartphones rencontrés » indique le PDG de l’Inria.
Pour mesurer l'efficacité d'une telle application, l'Inria s'est référé aux tests menés par un épidémiologiste d’Oxford, Christophe Fraser. Pendant 250 jours une simulation de la pandémie dans une ville fictive (modélisée) d’un million d’habitants a permis d'étudier l’impact de l'utilisation d'un tel outil en fonction de plusieurs niveaux de diffusion de l’application (de 0 à 80%). Pour résumer les résultats, « le téléchargement de l’application par une ou deux personnes (selon les cas) entraîne la réduction de la transmission du virus à une personne.»
Pour l'heure rien n'est acté concernant StopCovid, comme tout projet scientifique ce protocole de l'Inria va devoir être étudié et potentiellement modifié avant de pouvoir être proposé au public. « Des nouvelles versions sont donc à venir mais, en tout état de cause, une première implémentation logicielle est en cours de développement sur la base du protocole ROBERT » a ajouté Bruno Sportisse.
Parallèlement, le PDG d'Orange, Stéphane Richard a annoncé au Figaro avoir un prototype d’application de contact tracing prêt à l'utilisation. L'opérateur indique avoir planché sur le sujet avec d’autres entreprises (dont Accenture, Dassault Systèmes et Sopra Steria) et se pose en alternative à l'Inria.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O ont indiqué que l'application StopCovid, s'inscrit dans une stratégie globale de déconfinement. Alors qu'un retour partiel à l'extérieur est prévu pour le 11 mai, le gouvernement prévoit de détailler son plan de déconfinement à la fin du mois. Reste à savoir si StopCovid sera au point d'ici là.
Source : Inria