Cellebrite, à qui l’on doit le fameux boîtier permettant de craquer un iPhone, n’allait pas manquer l’opportunité de profiter un peu de la crise sanitaire actuelle — et surtout, de sa sortie. L’entreprise israélienne fait actuellement la tournée des popotes gouvernements avec sous le bras un argument imparable : la solution qui permet aux forces de l’ordre de siphonner des données peut très bien être utilisée par les agences de santé pour suivre les malades du COVID-19.
Reuters se fait l’écho d’un courriel récent présentant les capacités de Cellebrite auprès de la police de Delhi, en Inde. Quand une personne est testée positive, les autorités peuvent récupérer les données de contacts et de localisation du patient, ce qui leur permet en retour de « mettre en quarantaine les bonnes personnes ». Selon l’e-mail, la procédure doit être faite avec le consentement de l’utilisateur, mais « nous n’avons pas besoin du code de déverrouillage du téléphone pour collecter les données », vante le commercial de Cellebrite.
Dit autrement, il suffit que les autorités décident qu’il est impérieux d’obtenir les informations du téléphone pour se passer de tout accord. Cellebrite propose deux versions de son boîtier d’extraction : un modèle où l’accord de l’utilisateur est nécessaire (il n’est pas en mesure de « craquer » tout seul le téléphone), tandis que l’autre modèle est celui vendu habituellement à la police.
Cellebrite n’est pas la seule entreprise à guigner ce marché du suivi des malades du COVID-19. Reuters rapporte qu’au moins huit de ces sociétés discrètes font du gringue à de nombreux pays, avec sous le bras des versions modifiées de leurs outils de surveillance. Une dizaine de pays seraient en phase de test, en Europe, en Asie et en Amérique latine.
Israël est un de ces pays, mais la solution imaginée par NSO Group (la même entreprise qui a développé le spyware Pegasus…) a été bloquée par une décision de justice suite à des craintes sur le respect de la vie privée. L’implication de Cellebrite et de ses camarades dans la crise sanitaire n’est pas vraiment de nature à renforcer la confiance des citoyens envers leurs gouvernements, au vu de l’opacité de ces entreprises.
En France, on s’achemine tranquillement vers l’enterrement de l’app StopCovid pour privilégier la présence de « brigades chargées de remonter la liste des cas contacts », comme l’a expliqué aujourd’hui Édouard Philippe.