Ce n'est plus un secret, l'écran du Galaxy Z Flip n'est pas seulement constitué de verre nu, cette surface hautement flexible est recouverte d'un film plastique. Une protection qui demeure essentielle à ce stade du développement des verres ultra-fins et souples.
Le Dr. Mathias Mydlak a expliqué à The Verge les challenges auxquels doit répondre cette catégorie de verres. Ce chimiste pilote le développement de ces matériaux au sein de la société allemande Schott, l'un des deux fournisseurs de Samsung Display.
La capacité du verre à se plier dans les proportions affichées par le smartphone de Samsung n'est pas totalement étonnante en soi. Un matériau dur, du bois ou du métal par exemple, peut jouer les contorsionnistes dès lors qu'il atteint une certaine finesse.
Arrivé à quelques dizaines de microns d'épaisseur, on peut obtenir un verre qui se pliera avec un rayon de courbure particulièrement étroit. Le Z Flip atteint 30 microns et Schott est descendu à 25 microns en labo (ci-dessous une vidéo de Schott pour une ancienne génération de verre flexible).
Une fois résolue la question de la finesse, se pose celle d'une fabrication qui doit éviter toutes sortes d'imperfections à même de fragiliser le verre (bulle d'air, défaut dans la structure, poussière…).
Une tension exercée à un endroit comportant un défaut ne fera que l'aggraver et l'extrême finesse n'arrangera rien. D'infimes rayures, tolérables sur un écran voué à rester plat, prennent d'autres proportions si elles se situent à l'endroit de la pliure d'un verre super fin. Les forces exercées ne feront qu'augmenter cette cavité et la transformer en fracture.
Pour Erkka Frankberg, un chercheur spécialisé dans les formes sophistiquées de verre, la protection plastique déroulée par Samsung sur son verre peut s'envisager comme une barrière qui est là pour se « sacrifier » à la place du verre, lorsqu'il s'agit de prendre les rayures.
Samsung Display n'a pas tout dit sur la manière dont il travaille son produit. Dans un communiqué publié en début de semaine, il a informé qu'il injectait un « matériau spécial » jusqu'à une profondeur tenue secrète pour obtenir une durabilité constante. Le fabricant se fournit auprès de Schott mais aussi du sud-coréen Dowoo, dans lequel il a 27,7 % du capital. L'objectif n'est pas seulement de vendre ce verre à Samsung Electronics, mais aussi auprès d'autres entreprises.
Cette génération de verre, doublée d'une couche protectrice, reste perfectible mais ce couple permet d'améliorer la sensation de toucher et la transparence. Il y a eu du progrès depuis le Galaxy Fold et son écran tout plastique. À l'avenir, l'objectif est de parvenir à se passer de cette couche de protection et de revenir à des surfaces uniquement de verre comme on les connaît sur les smartphones traditionnels.
L'américain Corning, concepteur du Gorilla Glass, espère réussir cet exploit d'ici 12 à 18 mois. Des échantillons circulent déjà chez les fabricants de smartphones mais sans qu'il soit précisé si ces dalles hautement flexibles ont encore besoin d'un film de protection. Quand bien même la technologie serait prête, il faut aussi envisager une capacité de production à grande échelle et avec des taux de rebut limités. Ce qui n'est apparement pas le cas pour le Z Flip qui n'est disponible qu'en volumes limités.
Au printemps 2017, Apple a signé un chèque de 200 millions de dollars à Corning pour l'aider dans sa R&D et développer ses capacités de production. Signe de l'importance qu'a ce fournisseur pour ses futures gammes de produits. Les deux partenaires n'ont évidemment pas détaillé leurs projets.
Pour Mathias Mydlak de Schott, l'état actuel de la technologie des verres ultra-fins, est encore sujet à trop de fragilités et il se montre dubitatif quant à l'intérêt d'acheter aujourd'hui de tels téléphones. Les procédés doivent encore se perfectionner pour concilier résistance et confort d'utilisation.