Huawei s’opposera à une interdiction des produits d’Apple sur le territoire chinois, si d’aventure Pékin devait en arriver à cette extrémité. Dans une interview à Bloomberg, Ren Zhengfei le fondateur du groupe chinois a expliqué que « d’une part, cela n’arrivera pas. Et puis deuxièmement, si cela devait quand même arriver, je serais le premier à protester ». Il indique même qu’Apple est un « professeur », c’est l’entreprise en tête de peloton. « En tant qu’étudiant, pourquoi voudrais-je m’opposer à mon professeur ? Jamais ».
Alors qu’un mouvement de boycott a débuté en Chine contre les produits d’Apple, ce soutien de Huawei au constructeur de Cupertino permettra peut-être de faire retomber la pression. Il y a quelques jours, devant la presse chinoise, Ren Zhengfei a admis qu’il avait acheté des iPhone pour toute sa famille. « L’iPhone a un bon écosystème », convient-il. Aimer Huawei ne signifie pas nécessairement être exclusif aux smartphones de Huawei… Si le milliardaire de 74 ans apprécie manifestement les produits d’Apple, il a des mots durs contre Donald Trump.
Dans cette même interview à Bloomberg, il dit pis que pendre du président américain : ce n’est pas un homme politique, c’est une « blague », selon lui. Si l’interdiction faite à Huawei de commercer avec des entreprises américaines a été justifiée par des questions de sécurité nationale, l’hôte de la Maison Blanche a récemment convenu que le cas Huawei pourrait être réglé dans le cadre d’un accord global entre les États-Unis et la Chine.
« Huawei est quelque chose de vraiment dangereux. Regardez ce qu’ils ont fait du point de vue de la sécurité, du point de vue militaire, c’est très dangereux », a pourtant martelé Donald Trump. Malgré tout, « il est possible que Huawei puisse être intégré dans une sorte de deal commercial ». Le commerce passe-t-il avant la sécurité nationale ? Ren Zhengfei a rebondi sur cette question : « de quelle manière sommes-nous liés [aux négociations commerciales] entre la Chine et les États-Unis ? ».
Si Trump devait appeler le patron de Huawei, « je l’ignorerais, et alors avec qui ira-t-il négocier ? S’il m’appelle, je pourrais ne pas répondre. Mais il n’a pas mon numéro ». Zhengfei, qui qualifiait pourtant Trump de « grand président » il y a quelques mois, en rajoute : « Je vois ses tweets et je trouve qu’ils sont ridicules tellement ils se contredisent. Comment [Donald Trump] a-t-il pu devenir un maître dans ‘l’art du deal’ ? ».
Au cœur des récriminations américaines contre Huawei, se trouve le soupçon selon lequel l’entreprise aurait volé des technologies américaines. Zhengfei rit de ces accusations et explique que les technologies soi-disant volées ne sont toujours pas en possession des États-Unis. « Nous sommes devant les États-Unis. Si nous étions derrière, Trump n’aurait aucune raison de nous attaquer ».