La carrière du Galaxy Fold démarre d’un bien mauvais pied1. Les premiers tests provenant de deux publications américaines d’envergure pilonnent littéralement le premier appareil pliable de Samsung, qualifié de « rêve brisé » pour Dieter Bohn (The Verge) et de prototype pas prêt à être testé pour Joanna Stern (Wall Street Journal).
Autant dire que l’appareil est rhabillé pour l’hiver et que les communicants de Samsung vont devoir ramer pour justifier les 2 000 € demandés. C’est Joanna Stern qui a la dent la plus dure contre le Galaxy Fold : après l’apparition des premiers problèmes liés au retrait du film de protection du smartphone, il n’était plus question pour elle de produire un test d’un produit qui « clairement, n’était pas prêt ».
La journaliste du WSJ s’inquiète du lancement d’un tel appareil sur le marché. « À tout le moins, Samsung doit aux consommateurs davantage d’explications. Est-ce que nous sommes en train de bêta-tester un prototype ? ». Dieter Bohn est parti de l’idée que les problèmes évoqués cette semaine ont été réglés par Samsung (ce qui n’est pas le cas). Malgré ce parti-pris, le Galaxy Fold n’est pas un achat à considérer selon lui.
La fameuse pliure au milieu de l’écran intérieur parvient à se faire oublier, même si elle est bien là. D’après le testeur de The Verge, la pliure est un mal nécessaire, comme l’encoche peut l’être sur d’autres smartphones : au bout d’un moment, on s’y fait. Ce d’autant que l’écran Infinity Flex de 7,3 pouces se révèle bien adapté à la consultation de cartes, à la lecture vidéo, la lecture de livres numériques, et même à des tâches bureautiques.
L’affichage de plusieurs applications est souple, peut-être même un peu trop puisqu’on peut positionner une app à gauche de l’écran, deux à droite, plus des fenêtres flottantes. Ouf ! Malgré tout, cet écran cumule plusieurs défauts — en dehors de sa grosse encoche. D’une part, le fameux film en polymère qu’il ne faut retirer sous aucun prétexte (il fait partie intégrante de la dalle) est susceptible d’amasser des petits "pocs" ou impacts avec le temps.
Dieter Bohn relève surtout que le scrolling est plus fluide et plus rapide en utilisant l’appareil dans un sens. Dans l’autre sens, l’engin donne l’impression de patiner dans la semoule ; la faute en revient aux contrôleurs de l’écran qui sont dans une position optimale lorsque le terminal est utilisé dans un sens, mais ils sont moins efficaces dans l’autre.
Le Galaxy Fold est une meilleure tablette pliante qu’un smartphone dépliant, note Dieter Bohn. En position fermée, le Galaxy Fold peut être utilisé comme un petit smartphone avec son écran externe de 4,6 pouces. Ce n’est pas spécialement grand au vu des standards actuels, et ça l’est encore moins avec les larges bordures tout autour.
Les deux testeurs relèvent qu’on ne peut pas faire grand-chose dans ce format, mais que cela reste efficace pour consulter rapidement une information. Pour le reste, après tout, il n’y a qu’à déplier l’appareil afin de profiter d’une grande surface d’affichage plus confortable.
Le Galaxy Fold est aussi un smartphone haut de gamme qui contient tout le nécessaire : une puce Snapdragon 855, 12 Go de RAM, 512 Go de stockage, six appareils photo (!) qui donnent des résultats très proches d’un Galaxy S10. L’autonomie est un autre point fort (l’engin embarque une batterie de 4 380 mAh), tout comme la recharge à induction inversée.
Dans un marché du smartphone qui stagne, il faut s’attendre à « de nouvelles et excitantes expérimentations comme [le Galaxy Fold] », explique Joanna Stern. Si certains voudront se lancer immédiatement dans ce nouveau monde (en y mettant le prix), les autres préfèreront sans doute attendre que les technologies soient au point. Elle martèle : « Nous ne sommes pas tous prêts à jouer les bêta-testeurs », en particulier quand les constructeurs commercialisent des produits qui ont des faiblesses connues.
Ces deux premiers tests seront peut-être contrebalancés par d’autres plus charitables. Après tout, on ne peut pas en vouloir à Samsung de tester un truc innovant. Huawei et son Mate X sont d’ailleurs attendus de pied ferme… Samsung s’en remettra comme le constructeur s’est remis de l’accident industriel du Galaxy Note7. En revanche, ce Galaxy Fold sorti trop tôt des labos est susceptible de plomber d’entrée de jeu le marché à peine naissant des appareils pliables.
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Après la réception de leurs unités de test, plusieurs testeurs ont fait part de sérieux problèmes. Mark Gurman (Bloomberg) et le youtubeur Marques Brownlee ont retiré ce qu’ils pensaient être un banal film de protection sur l’écran intérieur du Galaxy Fold… alors qu’il faisait partie intégrante de cet écran ! Dieter Bohn, de The Verge, s’est aperçu de la présence d’une bosse entre l’écran et la charnière. Enfin, et c’est le cas le plus inquiétant, l’appareil de Steve Kovach (CNBC) s’est mis à scintiller sans raison. Samsung enquête sur tous ces cas. ↩︎