En supprimant cinq des six podcasts d’Alex Jones, Apple gagne ses galons de « boussole morale » de la Silicon Valley : Facebook et YouTube ont embrayé à la suite de la Pomme, en effaçant les pages et les chaînes du complotiste d’extrême-droite américain. YouTube avait cependant préparé le terrain en supprimant de ses serveurs une poignée de vidéos de l’animateur d’Infowars et en l’interdisant de diffusion en streaming.
Depuis quelques jours, le débat faisait donc rage outre Atlantique sur la place à accorder à Alex Jones. Apple a fini par mettre tout le monde d’accord, exception faite de Twitter qui, comme à son habitude, accepte vraiment tout et n’importe qui.
Selon des indiscrétions de Dylan Byers de CNN, la décision de supprimer la majorité des podcasts d’Alex Jones a été prise par Tim Cook et Eddy Cue le week-end dernier. En revanche, son application iOS reste en ligne, sur laquelle on retrouve pourtant les mêmes contenus haineux que dans les podcasts. Une app qui a d’ailleurs grimpé au classement de l’App Store…
Cette largesse est d’autant plus surprenante que Tim Cook et Eddy Cue ont fait de la lutte contre les fausses nouvelles et la désinformation un cheval de bataille. En visite au Royaume-Uni en février 2017, le CEO d’Apple avait expliqué qu’il revenait à l’entreprise de « filtrer en amont » les nouvelles « sans pour autant porter préjudice à la formidable ouverture d'internet » (lire : Tim Cook : « Il n'y a pas de solution simple pour contrer la désinformation »). Eddy Cue, le patron des contenus, n’avait pas dit autre chose pendant une conférence Recode Media.
Les sources de Byers assurent également qu’il n’y a pas eu de concertation entre Apple, Facebook et YouTube : Mark Zuckerberg et son équipe ont décidé de leur propre chef d’effacer les pages d’Alex Jones, après avoir appris qu’Apple avait mis le holà sur ses podcasts. Idem chez YouTube. Ce qui renforce le poids de la décision d’Apple dans cette histoire.
L’affaire est évidemment loin d’être terminée, Alex Jones criant à la censure. Il lui reste plusieurs canaux pour diffuser ses fausses nouvelles, comme Twitter et Periscope bien sûr, mais aussi son site web.