Le constructeur chinois ZTE annonçait en fin de semaine dernière qu’il cessait ses activités suite à une sanction américaine qui lui interdisait de se fournir en composants américains. Du fait de cette interdiction, il ne pouvait notamment plus acheter de processeurs à Qualcomm, leader mondial dans le domaine. Coup de théâtre en fin de week-end : Donald Trump en personne a signalé par un tweet qu’il allait travailler avec son homologue chinois pour permettre à ZTE de reprendre le travail, rapidement.
Pourquoi ce revirement soudain ? Le président américain évoque les emplois qui seraient perdus en Chine si ZTE fermait vraiment ses portes. Cette entreprise de télécoms est l’une des plus grosse du pays et elle emploie actuellement plus de 80 000 personnes. Le Département du Commerce des États-Unis doit maintenant prendre le relai pour négocier un accord avec la Chine et probablement lever les sanctions à l’encontre de ZTE.
Le même jour, le site Australian Financial Review a publié une enquête sur la corruption systématique mise en place par le constructeur chinois pour obtenir des marchés publics. Les journalistes ont prouvé qu’au Bénin, ZTE a payé plus de dix millions d’euros au milieu des années 2000, majoritairement en liquide, pour installer ses équipements de réseau plutôt que de laisser le marché à Nokia. Une trentaine d’officiels ont reçu de l’argent, dont le président d’alors, qui a empoché 1,7 millions d’euros. En Australie, la firme vient de remporter un contrat pour installer ses équipements de 5G dans l’ouest du pays. À défaut d’avoir les preuves nécessaires pour accuser ZTE de corruption dans le pays, les journalistes notent qu’il y a tout un système en place au sein de l’entreprise pour la corruption et que tout est parfaitement documenté en interne.
Même s’il construit aussi des smartphones, ZTE est surtout connu pour ses équipements de réseau dédiés aux opérateurs. L’interdiction des États-Unis est liée à la vente à l’Iran et à la Corée du Nord d’équipements qui contenaient des pièces américaines, alors qu’un embargo devait les empêcher. Les déclarations officielles de ZTE ne contenaient pas ces ventes interdites et cela lui a valu la sanction plus complète de la part du pays. L’entreprise avait de son côté réagi en évoquant des erreurs de contrôle plutôt qu’une mauvaise intention.
Au-delà de ces cas précis, des soupçons plus généraux pèsent sur les équipements produits par ZTE. Tout comme Huawei, l’entreprise est très proche du gouvernement chinois et certains suspectent la présence de portes dérobées dans ses produits. Ces deux acteurs ont été par la suite bannis de plusieurs offres de marché dans le monde.
Source : The Verge