Dans un marché boursier globalement déprimé, Spotify tire son épingle du jeu. L'action du service de streaming, qui vient de plonger dans le grand bain du New York Stock Exchange, est particulièrement recherchée par les investisseurs (et les chasseurs de bonne affaire, visiblement), puisqu'il atteint 165,90 $ au lancement de sa cotation. La capitalisation boursière de Spotify est désormais de près de 30 milliards de dollars (!).
L'entreprise a choisi une méthode un peu particulière, le « direct listing », pour mettre en vente une partie de ses actions : ce sont les actionnaires actuels de Spotify (les employés, les premiers investisseurs) qui vendent leurs actions sur le marché. S'ils sont peu nombreux à mettre leurs titres en vente et que la demande est forte, alors le prix de l'action augmente.
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Généralement, les sociétés qui entrent en Bourse choisissent la formule de l'IPO (« Initial Public Offering ») qui interdit à leurs actionnaires de mettre en vente leurs titres avant un certain temps. C'est donc Spotify qui a établi le prix de référence de son action : SPOT a démarré à 132 $, soit une capitalisation boursière de 23,5 milliards.
L'action de Spotify pouvant se montrer assez volatile dans les prochains jours, il faudra sans doute attendre un peu avant de tirer des plans sur la comète. L'exemple de Pandora, autre société cotée sur un créneau proche de Spotify, pousse à la prudence : l'action a perdu 67% sur l'ensemble de 2017. Mais qui sait, peut-être que Spotify connaitra le même destin que Netflix !
Spotify revendique 159 millions d'utilisateurs mensuels actifs et 71 millions d'abonnés payants (contre 38 millions pour Apple Music). L'entreprise, fondée il y a douze ans, n'a jamais gagné d'argent ; en 2017, elle a accusé une perte de 461 millions de dollars. Pour résorber ces pertes, il faut que la société multiplie les abonnés certes, mais aussi qu'elle améliore des marges largement entamées par les coûts des licences auprès des maisons de disques (la marge du groupe était de 21% en fin d'année dernière). Des partenaires essentiels évidemment, mais aussi très gourmands.
Selon des sources de Recode, le service de streaming n'a pas l'intention de batailler auprès de l'industrie de la musique pour grappiller quelques miettes de marge. Le projet à long terme, c'est de voir les artistes et les petits labels se rapprocher de Spotify afin de distribuer directement leur production sur le site, en zappant l'intermédiaire d'un distributeur traditionnel — qui est bien souvent un des « gros » du secteur.
En supprimant la part du distributeur tiers, l'artiste et Spotify pourront gagner chacun un peu plus d'argent. Les maisons de disques qui dominent le secteur risquent de ne pas trop apprécier cette approche, mais le service chercherait à attirer des artistes ayant suffisamment de fans pour alimenter la machine à streams, mais pas assez pour faire l'objet de lourds investissements de la part des plus importants labels.